关于静的思考
La conception du silence-repos
Dans l’art pictural-calligraphique-poétique chinois
Elisabeth F : Les Chinois avaient et ont encore une conception de l’univers tout à fait à part, par conséquent, totalement exceptionnelle et originale. En effet, le taoïsme a développé durant toute l’histoire de l’Empire du Milieu un concept préconisant que l’univers est né du néant, du Vide originel. Ce Vide qui est en fait l’expression par excellence du plus plein, est un chaos composé des deux éléments opposés, à savoir les fameux yin et yang. Toujours selon le taoïsme, le yin et le yang règnent dans les dix milles choses, depuis le microcosme jusqu’au macrocosme. Est-ce que vous pourriez nous expliquer cette conception ancestrale chinoise qui régit aussi l’art chinois?
Shi Bo : En effet, cette conception chinoise dont vous parlez concerne et anime la philosophie chinoise sur l’art, dans ses deux expressions les plus nobles et sophistiquées : la peinture et la calligraphie.
Les artistes chinois s’adonnent à la peinture de paysage, autrement dit peinture Montagnes-Eaux (山水画) , pensant que la montagne et l’eau appartiennent respectivement au yang et au yin, la peinture Montagnes-Eaux a le mérite de refléter le mieux l’équilibre entre le yin et le yang de notre univers grâce à l‘encre (yin) et au pinceau (yang).
De même que la peinture Montagnes-Eaux prédomine dans l’art pictural chinois, la poésie Montagnes-Eaux existe depuis toujours dans la littérature chinoise et reste aujourd’hui comme par le passé un des leitmotivs éternels et préférés de la poésie chinoise. En chinois, ce genre de poésie est appelé shān shuǐ shī( 山水诗 ), tout comme ce genre de peinture, shān shuǐ huà(山水画 ).
L’équilibre du yin et du yang
阴阳平衡
Le Tao engendre le Un
Le Un engendre le deux
Le deux engendre le trois
Le trois engendre les dix mille choses
Les dix mille choses portent sur leur dos le yin
Et embrassent dans leurs bras le yang
L’harmonie naît au souffle du Vide médian
--Lao Tseu : Tao Te King ( 道德经 )
Elisabeth F : Tout provient de ce fameux équilibre du yin et du yang. Voudriez-vous nous expliquer un peu cette théorie d’équilibre ?
Shi Bo : Volontiers ! le Tao Te King est réputé comme étant la « Bible du taoïsme », Le passage ici cité constitue en fait la philosophie fondamentale régissant la conception de la cosmologie chinoise et du rapport entre les humains et l’univers. La peinture shan shui hua, pensée en action, guidée par cette conception, est devenue le moyen le plus adapté pour décrire ce rapport homme-nature, de même, la poésie shan shui shi est devenue le meilleur chantre de l’harmonie née au souffle du Vide Suprême.
L’équilibre du yin et du yang étant l’harmonie suprême de l’univers, la peinture shan shui hua et la poésie shan shui shi sont devenues et restent toujours un moyen et une expression de la recherches de cette harmonie suprême.
De même que les peintres et les calligraphes traditionnels chinois consacrent toute leur vie à chercher à exprimer dans leur création shan shui hua l’harmonie entre forme et esprit, visible et invisible, homme et nature, etc., en un mot entre yin et yang, les poètes chinois s’adonnent à décrire cette harmonie à travers leurs œuvres poétiques shan shui shi. Toute l’histoire picturale-calligraphique-poétique chinoise est en fait un chant à la gloire de cette harmonie suprême.
L’essence du Jing (silence-repos)
Le Jing est en fait le calme de l’univers
De la nature et des mille choses
Il est donc le silence et la sérénité de l’âme humaine
--Wang Wei
(A SUIVRE....)
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