Vous trouverez sur ce blog, au fil des jours et des mois, les oeuvres réalisées par le Maitre Calligraphe Shi Bo, ainsi que les stages qu'il propose, ses livres numérotés et autres parutions, ses commentaires ....... Que la visite vous soit un enrichissement.
L'administratrice : Sérénité'art

jeudi 26 mars 2020

LI SHANGYIN - LETTRÉ FIDELE A SON AMOUR - Fin

Pour finir, voici un des nombreux poèmes que Li Shangyin écrivit après la mort de sa femme :
忆梅

定定住天涯
依依向物华
寒梅最堪恨
长做去年花

Pensée pour les fleurs de prunier

Je m’installe solidement au bout du monde 
Mais je m’attarde souvent auprès de ces fleurs
Les fleurs de prunier dans le froid sont à haïr
Elles s’épanouissent et disparaissent avec le printemps

Cliquer sur les images pour les agrandir....

L’auteur composa ce poème pendant son voyage dans les régions frontalières peu après la mort de sa femme. Il y resta longtemps. Lorsqu’il voyait les fleurs de prunier offrant leur splendeur dans le froid rigoureux et très rapidement se fanant avant les autres fleurs du printemps, il pensa à sa femme qui le quitta si jeune, 16 ans seulement après leur mariage. 
Photo MSG - mars 2020
Cette vive nostalgie se transforma en un regret aigu et amer qui frôlait la haine. On comprend facilement sa douleur perçant ses entrailles.

Li Shangyin est un des remarquables poètes des Tang que j’admire, tant pour ses excellentes créations poétiques que pour sa personnalité. Il représente la perfection littéraire et le fidèle amour qui animent l’âme des lettrés traditionnels chinois. Les quelques 1000 poèmes qu’il nous laissa constituent une partie des lectures qui accompagnent ma vie parisienne.

mardi 17 mars 2020

LI SHANGYIN - LETTRÉ FIDELE A SON AMOUR - (3)

Fidélité à son amour pour son épouse.

Ce que j’admire le plus chez ce poète de la Dynastie des Tang est sa fidélité à son amour pour son épouse. Durant ses voyages, il composa de nombreux poèmes en l’honneur de sa femme, pour lui exprimer ses profonds sentiments.
Voyons un exemple :

夜雨寄北

君问归期未有期
巴山夜雨涨秋池
何当共剪西窗烛
却话巴山夜雨时

( 4 )
La pluie nocturne envoyée au nord

Tu me demande la date de mon retour
Mais je n’ai pas cette date
La pluie nocturne dans la montagne Bashan
Fait déborder le lac automnal
Quand pourrons nous éteindre ensemble
La bougie qui brille près de la fenêtre ouest 
de notre chambre 
en te murmurant cette pluie à Bashan

Par cette nuit pluvieuse à Bashan dans le sud de l’empire, l ’auteur en voyage pensait fort à sa femme qui restait chez eux dans le nord du pays. Il n’eut pas la date de retour à lui annoncer, il exprima son fort désir de partager avec sa femme la même lumière de la bougie et la même douceur du murmure commun sur la pluie à Bashan. Quel profond amour pour son épouse !

Voyons un autre poème d’amour :

端居

远书归梦两悠悠
只有空床敌素秋
阶下青苔与红树
雨中寥落月中愁
( 5 )


Vie oisive
La missive lointaine tant et vainement attendue
 le retour chez moi si rêvé inutilement 
Seul réel est mon lit solitaire affrontant l’automne bien glacial
La pluie renforce ma solitude
Le clair de la lune accentue ma nostalgie

Toujours sur le chemin du voyage, l’auteur attendait la lettre de sa femme et rêvait de rentrer bientôt auprès d’elle, mais ce ne fut que illusoire, la pluie et la lune rendaient plus forte sa pensée pour sa femme...                                                                       (a suivre)

vendredi 6 mars 2020

LI SHANGYIN - LETTRÉ FIDELE A SON AMOUR - (2)

Passion à la nature
Notre lettré poète Li Shanghyin adorait passionnément flâner dans la nature : les historiens aiment raconter des anecdotes qui le concernent. Par exemple, un jour en plein hiver 848, après un dîner bien arrosé chez un ami poète, Li Shangyin quitta son ami et longea seul un sentier qui le conduisit au bord d’une rivière torrentielle. Par un faux pas il tomba dans l’eau glaciale : il se réveilla de l’ivresse et s’allongea dans les herbes jusqu’à l’aube lorsqu’un pêcheur matinal le trouva presque inanimé. Le pêcheur le couvrit de son manteau, frotta son corps pendant longtemps… Eveillé, Li se fâcha contre le pêcheur en lui lançant : « Pourquoi me fais-tu si mal sur tout mon corps ? » Le pêcheur lui adressa un sourire amer.
Li Shangyin est un poète qui chante la nature, parmi ses nombreux poèmes, deux me plaisent particulièrement :






  

  高阁客竟去      
小园花乱飞
  参差连曲陌      
迢递送斜晖

   肠断未忍扫      
眼穿仍欲稀
   芳心向春尽      
   所得是沾衣   

Les fleurs pleuvent

Les visiteurs ont quitté mon pavillon haut perché
Les pétales tourbillonnent dans la cour isolée
Ils se répandent sur les sinueuses allées
Et puis s’envolent très loin saluer le soleil décliné
Aux entrailles percées je n’ai pas le courage de les balayer
Mon regard fixé sur les branches 
qui continuent à se dénuder
Mon cœur sublime s’attriste avec le printemps 
qui s’achève
Je ne peux que mouiller ma robe de larmes discrètes

A travers ce petit poème, on sent parfaitement bien que ses larmes pour les fleurs qui s’en vont avec le printemps sont profondément sincères.


    

  向晚意不适     
驱车登古原
   夕阳无限好      
只是近黄昏.

Temple de Leyou

A l’approche du soir
Me sentant mélancolique
Je grimpe en char
Jusqu’au temple antique
Le soleil couchant est une splendeur indescriptible
Déjà règne le crépuscule

Notons que les deux derniers vers de ce poème sont devenus aujourd’hui une maxime populaire très répandue en Chine. On les cite pour exalter la profonde admiration  pour la splendeur des derniers temps de la vie de toute personne, mais c’est une admiration mêlée au regret pour la fin de la vie ( crépuscule de la vie )On peut trouver ce genre de regret dans beaucoup d’autres anciens poèmes chinois.


                                                                                                                                    ((à suivre)

    
(à suivre)

dimanche 1 mars 2020

LI SHANGYIN - LETTRÉ FIDELE A SON AMOUR (1)

     
Li Shangyin ( 813 – 858 ), né dans une famille pauvre, perdit à 3 ans son père. 
Elevé par sa mère, il menait une vie bien difficile sur tous les plans, mais studieux et tenace, il apprit bien la littérature de son époque et maîtrisa remarquablement la langue écrite. 
Très jeune il copiait des textes pour des lettrés de sa petite ville, ce qui lui permit d’apprendre la littérature et la calligraphie. 
Résultat : dès sa tendre jeunesse, il composait déjà des poèmes décrivant la nature et les sentiments humains. Ses œuvres calligraphiques étaient bien appréciées dans la capitale impériale Chang An.
 
"Li Shanyin lettre fidèle à son Amour"
 李商隐
      忠于爱情的文人
Petit fonctionnaire de la cour impériale
Avec l’aide de son initiateur poétique Linghu Chu (令狐楚) , Li Shangyin vint passer l’examen impérial dans la capitale, il échoua à plusieurs reprises, mais il y rencontradeux immenses figures de la poésie Bai Juyi et Du Mu (白居易、杜牧) qui allaient jouer un rôle important dans son évolution littéraire et dans sa vie tout court.
Sa ténacité porta un fruit réconfortant : en l’an 837, à 24 ans, il devint enfin lauréat  de l’examen impérial et fut nommé « lecteur des documents impériaux » (à peu près synonyme de documentaliste dans notre langue actuelle). Peu après il fut nommé préfet d’un petit district éloigné de la capitale. il démissionna de cette fonction deux mois après pour revenir au poste de « lecteur des documents impériaux » où il resta assez longtemps.
Li Shangyin aimait voyager un peu partout à travers l’immense Empire du Milieu, souvent avec un ou deux de ses amis poètes. Ses nombreuses  péripéties dans la nature étaient autant d’occasions propices à ses créations poétiques et calligraphiques. De nos jours, on peut lire encore plus de ses 1000 poèmes sur la nature.  
 (.... à suivre)