Vous trouverez sur ce blog, au fil des jours et des mois, les oeuvres réalisées par le Maitre Calligraphe Shi Bo, ainsi que les stages qu'il propose, ses livres numérotés et autres parutions, ses commentaires ....... Que la visite vous soit un enrichissement.
L'administratrice : Sérénité'art

lundi 29 septembre 2014

LA MAGNIFIQUE ÉPOPÉE DU GRAND AMOUR DÉCHIRÉ DE LU YOU ET DEUX POÈMES QUI EN ONT DÉCOULÉ - 2

Deuxième poème de Lu You composé, à 81 ans,  en mémoire de Tang Wan
城南小陌又逢春,
只见梅花不见人。
玉骨久成泉下土,
墨痕犹锁壁间尘。

Le poème dans son entier.
Traduction de Shi Bo :
Une nouvelle fois au sud de la ville
Les sentiers accueillent le printemps
Je vois seulement les fleurs de prunier,
Mais pas la personne que j’aime
Ses os de jade sont depuis longtemps
Tombés en cendre dans l’autre monde
les traces de mon poème écrit au mur
semblent y sceller la poussière,

城南小陌又逢春,
只見梅花不見人。
玉骨久成泉下土
墨痕猶鎖壁間塵。

墨痕猶鎖壁間塵

Le dernier vers du poème.

mardi 23 septembre 2014

LA MAGNIFIQUE ÉPOPÉE DU GRAND AMOUR DÉCHIRÉ DE LU YOU ET DEUX POÈMES QUI EN ONT DÉCOULÉ - 1

En souvenir de Tang Wan : Les deux derniers poèmes de Lu You
Des dizaines d’années plus tard, à l’âge de 81 ans, toujours fidèle à son ancien amour et torturé par une profonde nostalgie, Lu You re-visita le jardin Shen et écrivit deux nouveaux poèmes remplis de son souvenir amoureux pour Tang Wan :
Voici le premier :
路近城南已怕行,
沈家园里更伤情。
香穿客袖梅花在,
绿蘸寺桥春水生。

路近城南已怕行,
沈家園裡更傷情。
香穿客袖梅花在,
綠蘸寺橋春水生


  Traduction de Shi Bo :
En m’approchant de la ville par le sud
Je suis saisi par la peur de continuer cette route
 Une fois dans ce jardin
Mes sentiments sont plus brisés que jamais

     Les pruniers y fleurissent toujours
     Leur parfum envahit encore les manches des visiteurs
Sous ce pont du temple
Ondulent les vagues bleues printanières


extrait du poème :  香穿客袖梅花在,绿蘸寺桥春水生

mercredi 17 septembre 2014

LA MAGNIFIQUE ÉPOPÉE DU GRAND AMOUR DÉCHIRÉ DE LU YOU - Troisième traduction.


J’avais fait une troisième traduction de ces deux poèmes pour mon livre intitulé « Anthologie de la poésie féminine chinoise » (Editions du Temps des Cerises). Cette traduction me paraît un peu libre, mais toujours fidèle au texte chinois.
Ma 3ème traduction.
Le poème de Lu You :
Tes mains douces me versent un vin exquis
Les saules apportent le printemps à la ville impériale
Le vent d’est est méchant et nous sépare
Les doux instants sont rares
Mon cœur est rempli de mélancolie
Causée par les années de notre mauvais sort
Injuste, injuste, injuste !

Comme toujours le printemps est fleuri
Comme toujours notre cœur languit
Le mouchoir de soie témoigne de tes pleurs
Les fleurs de pêcher s’effeuillent
Le pavillon au bord de l’étang est désert
Notre serment d’amour reste comme la montagne
Mais il m’est impossible de t’écrire
Impossible, impossible, impossible !

Le poème de réponse de Tang Wan :
Le monde est méchant
Les humains ne le sont pas moins
A ce moment crépusculaire
Les fleurs tombent sous la pluie incessante
Le vent matinal assèche mes larmes
Appuyée sur la balustrade
Je murmure seule pour épancher mon cœur
Difficile, difficile, difficile !

On est seul, solitaire
Aujourd’hui est différent d’hier
Mon âme malade balance comme la corde de la balançoire
Le cor gémit de froid dans la nuit profonde 
De peur d’être surprise j’efface mes larmes
Je m’efforce de feindre un sourire
Feindre, feindre, feindre !
Photo MSG

Dans cette réponse poétique, Tang Wan exprima les profonds sentiments amoureux qui se déchainaient chaque jour au plus profond  de son cœur. Ces  vagues d’amour pour Lu You se mêlèrent à la nostalgie et à la douleur, et se transformèrent en une tempête fatale, le jour de sa rencontre inopinée avec lui dans le jardin ou  ils avaient passé de nombreux moments intimes et lyriques.
Rongée par un atroce chagrin et par les remords, Tang Wan décéda peu après cette dernière rencontre. 
(à suivre)
Note de la "mise en page" : n'oubliez pas que vous pouvez agrandir toutes les calligraphies et images de ce blog en cliquant dessus.

lundi 15 septembre 2014

LA MAGNIFIQUE ÉPOPÉE DU GRAND AMOUR DÉCHIRÉ DE LU YOU - Deuxième traduction.


Mon amie Elisabeth Bourgeas m’a rappelé ma deuxième traduction de ce poème de Tang Wan, publiée il y a 15 ans dans mon livre 
« Saisons ». 

Voici cette traduction peut-être plus poétique .

Ma 2ème traduction
du poèmes de Tang Wan
Une femme en pleurs
Le monde est hostile
L’amour est infidèle
A l’approche de la nuit
la pluie fragilise les fleurs.
Le vent matinal sèche mes larmes.
Je m’appuie sur la balustrade
Silencieuse, j’essaie de vider mon coeur.
Impossible ! Impossible ! Impossible !
Solitaire, je ne suis plus comme hier
Mon âme malade est désorientée
Comme la corde de la balançoire.
Le son du cor me fait fremir
Le soir est déjà profond.
Par crainte d’être surprise,

j’essuie mes larmes.
Je m’efforce de dessiner un sourire.
Trompeur ! trompeur ! trompeur !

dimanche 7 septembre 2014

LA MAGNIFIQUE ÉPOPÉE DU GRAND AMOUR DÉCHIRÉ DE LU YOU - Première traduction (suite).

Ayant lu cette déclaration de l’amour déchiré et enfoui dans le cœur de son amant, 
Tang Wan 
lui répondit par un poème tout aussi émouvant et mélancolique que voici :

世情薄,人情恶。两送黄昏花易落。
晓风干,泪痕残。欲笺心事,独语斜阑。难,难,难 !
人成各,今非昨。病魂常似秋千索。
角声寒,夜阑珊。怕人寻问,咽泪装欢。瞒,瞒,瞒 !

Collection Elisabeth Bourgeas
世情薄,人情惡。兩送黃昏花易落。
曉風乾,淚痕殘。欲箋心事,獨語斜闌。難,難,難 !
人成各,今非昨。病魂常似鞦韆索。
角聲寒,夜闌珊。怕人尋問,咽淚裝歡。瞞,瞞,瞞 !

Ce monde envahi par l’ infidélité,

Les sentiments humains rongés par la méchanceté

Les fleurs tombent au vent et à la pluie vers le crépuscule

Le vent matinal asséché
Les traces de larmes raréfiées
Je suis saisie d’envie de t’exprimer mon âme
Mais penchée sur la balustrade, je ne fais que murmurer à moi-même
Difficile ! Difficile ! Difficile !

Nous deux éloignés l’un de l’autre
Aujourd’hui n’est plus pareil à hier
Souvent mon âme douloureuse balance comme une balançoire
Le cor gémit
La nuit touche à sa fin
Je crains qu’on ne vienne m’interroger
Avalant mes larmes
Je feins des sourires
Trompeur ! Trompeur ! Trompeur !    
Première traduction de Shi Bo            (à suivre)

mardi 2 septembre 2014

LA MAGNIFIQUE ÉPOPÉE DU GRAND AMOUR DÉCHIRÉ DE LU YOU - première traduction.

Vous trouverez au fil des  posts qui traitent ce sujet : 
- une introduction - l’histoire de cette épopée et les poèmes qui en ont découlé - mes calligraphies et mes 3 traductions de ces poèmes.

Introduction : Si je présente ici mes trois traductions, sensiblement différentes les unes  des autres, c’est dans le but de faire découvrir que la compréhension de la  poésie chinoise ancienne est très difficile. Elle varie  selon l’a culture de  ceux qui la lisent,  mais aussi,  en fonction de l’émotion que peut provoquer cette lecture,  selon l’état d’esprit dans lequel on se trouve.

 La lecture des poèmes de ce couple malheureux remue mon âme et  brise profondément mon cœur. Difficile  d’exprimer mes multiples émotions intimes devant cette ancienne histoire dont l’injustice sociale constitue depuis lors une épopée magnifique et poignante d’amour fidèle mais déchiré. 


Inspiré par leur beauté, 

je me laisse emporter au gré de mon pinceau qui galope gracieusement sur le papier de riz.



Oiseaux : peinture de l'Empereur Huizong.
 L’épopée sentimentale:
Lu You ( 1125 – 1210) , est très connu en Chine pour le patriotisme qu'il a déployé durant l’invasion des barbares du nord de l’Empire. Rares sont ceux qui connaissent l’histoire de son grand amour déchiré qui tourna au drame.
Grand mandarin et expert en poésie, Lu You participa activement  à la lutte contre la domination des Mongols. Il composa de nombreux poèmes pour encourager le peuple Han à endiguer l’invasion des territoires du sud de l’Empire par ces barbares .
Dans sa vie privée, il fut très malheureux.  Il épousa, dans sa jeunesse, sa cousine Tang Wan, également grande lettrée et célèbre poétesse. avec laquelle il partagea quelques années de bonheur, voyageant ensemble, composant des poèmes communs, dansant et chantant leurs œuvres poétiques.
Malheureusement,  la mère de Lu You ne tolérait pas Tang Wan, elle ne supportait pas ses talents poétiques, musicaux et picturaux. Sous la pression de cette mère, et respectueux de la piété filiale Lu You dut quitter  Tang Wan,  dans une grande douleur, car ils s’aimaient profondément.
Après cette cruelle séparation , dont ils ne devaient jamais se remettre, Lu You épousa une autre femme, tandis que Tang Wan, elle,  épousa, sans véritable amour,   le lettré Zhao Shichen.
Quelques années plus tard, en l’an 1155, par un jour printanier radieux, Lu You fit une promenade solitaire dans le célèbre jardin Shen de Shanyin , sa ville natale (actuelle province du Zhejiang). Le hasard voulut qu’Il y rencontre son amoureuse, Tang Wan, accompagnée de son mari Zhao Shichen.
 Pour lui faire comprendre ses sentiments toujours aussi sincères et profonds, Tang Wan lui fit apporter des mets succulents et du bon vin. Lu You vida quelques coupes de ce vin et dans l’ivresse,  écrivit ce long poème sur le mur du jardin

Sur l’air Chai Tou Feng (釵頭鳳). 

Voici son improvisation poétique :

ecriture simplifiée 

红酥手,黄藤酒,满城春色宫墙柳。

东风恶,欢情薄,一怀愁绪,几年离索。错,错,错 !

春如旧,人空瘦,泪痕红浥鲛绡透。

桃花落,闲池阁。山盟虽在,锦书难托,莫,莫,莫 !


Calligraphie de Shi Bo - Collection personnelle d'Elisabeth Bourgeas.

Ecriture régulière.
紅酥手,黃藤酒,滿城春色宮墻柳。
東風惡,歡情薄,一懷愁緒,幾年離索。錯,錯,錯 !
春如舊,人空瘦,淚痕紅浥鮫綃透。
桃花落,閒池閣,山盟雖在,錦書難托,莫,莫,莫 !

Ma 1ère Traduction :

Ta main rosée et tendre remplissait ma coupe d’un vin jaune ambré

Dans l’enceinte de la ville

régnaient des couleurs de printemps

dansaient les saules gracieusement

Le vent d’est fut trop cruel

Emportant nos sentiments heureux

laissant notre âme remplie de tristesse,
Des années de solitude de déchirement
Injuste ! Injuste ! Injuste !

Le printemps reste inchangé
L’homme a maigri
Tant de larmes mêlées au fard trempent nos mouchoirs de soie
Les pétales de pêcher pleuvent
Le pavillon au bord de l’étang déserté
Mes serments d’amour restent aussi éternels que la montagne
Mais comment te faire parvenir ce message de fidélité ?
Impossible ! Impossible ! Impossible !
(à suivre)