Vous trouverez sur ce blog, au fil des jours et des mois, les oeuvres réalisées par le Maitre Calligraphe Shi Bo, ainsi que les stages qu'il propose, ses livres numérotés et autres parutions, ses commentaires ....... Que la visite vous soit un enrichissement.
L'administratrice : Sérénité'art

mardi 28 août 2012

DIX POEMES CONTEMPLATIFS (3 ET 4/10)

3 -    山居

   常達

    (chuo)茶思好水,
      對月數諸峰,
      有問山中趣,
      庭前是古松

 Vivre dans la montagne
Chang Da*

Quand je sirote mon thé
Vers l’eau délicieuse se tourne ma pensée
Face à la lune
Je contemple les multiples cimes
Quel plaisir de vivre dans la montagne
Regardez ces vieux pins
Devant la cour intérieure


infographie a partir d'un original.
*Chang Da  (801 – 874) ermite du Temple de la montagne Poshan, poète contemplatif renommé et maître de méditation.


4 - 答卢邺 (ye)
   良義

      風泉只向夢中聞,
      身外無餘可寄君。
      當戶一輪唯曉月,
  掛簷(yan)數片是秋雲

Réponse à Lu Ye
Liang Yi*

Comme dans le rêve
La fontaine murmure au vent
Je n’ai rien à t’offrir
Ne possédant que la lune matinale illuminant ma demeure
Et quelques nuages automnaux accrochés aux auvents



Infographie a partir d'un original 

* Liang Yi  (vivant vers la fin de la dynastie des Tang) explique dans ce poème à son ami poète Lu Ye pourquoi il vivait dans la montagne.                                                                                  (A suivre)

samedi 25 août 2012

DIX POEMES CONTEMPLATIFS (1 et 2/10)

1  -Contemplation
Xi Yun et Li Chen*
    

 觀瀑布聯句
希運、李忱

     千岩萬壑不辭勞,
     遠看方知出身高。
     溪澗豈能留得住,
     終歸大海作波濤。


Mille rochers, dix mille ravins
Ainsi franchis sans beaucoup de mal
La cascade vue de loin
Laisse entrevoir son corps martial
Les profonds ravins n’arrivent pas à la retenir
Se jetant dans la mer
Elle soulève des vagues successives
Shi Bo


* Xi Yun ( ?-855) ermite de la Dynastie des Tang, grand maître de méditation.
* Li Chen (810 – 859) empereur des Tang (846 – 859), avant son accès au trône il fut moine anonyme pendant des années.

-----------------
2 - Contemplation des fleurs dans le monastère
Guang Xuan* 

        
寺中賞花應制
廣宣

     東風萬里送香來,
     上界千花向日開。
     卻笑霞樓紫芝侶,
     桃源深洞訪仙才

Venu de très loin
Le vent d’Est amène le parfum
La grande nature offre mille fleurs épanouies au soleil
Je ris devant ce pavillon rouge qui abrite l’Immortel
A qui je rends visite
Au fond de sa grotte ombragée par des fleurs de pêcher
Shi Bo

* Guang Xuan (vivant aux alentours de 821)  ermite du Temple Anguo de la capitale de la Dynastie des Tang, maître de méditation et poète contemplatif.

                                                                                             (d'autres poèmes à suivre...)

mercredi 22 août 2012

LE CHANT DU SILENCE

         En Chine la peinture shan shui hua 山水画  et la poésie shan shui shi 山水诗  constituent un chant lyrique du silence-repos.
    Les Grandes Figures, dans ce domaine, considéraient comme un devoir incontournable et noble de décrire, peindre, suggérer ou énoncer le silence du paysage, ainsi que celui de la vie de reclus, sous tous ses aspects, qui  peuvent  être définis ainsi :


        Paysage lointain(远景yuánjǐng : il transporte l’âme vers un horizon lointain, sans trace humaine, sans tracas quotidien - une contrée féerique sereine et apaisante - un endroit limpide  - qui peuvent laver le cœur de toutes les impuretés de notre monde matériel.



        Vie oisive (闲适) xiánshì  : encourage à se détacher des intérêts matériels et mondains et à rester serein pour scruter la vérité de la vie humaine.

(note : 闲适,traduction littérale: vie oisive. Mais  je ne suis pas content de cette traduction . parce que le mot oisif ne me plaît pas. J'ai donc  traduit : "vivre sans souci, à l'aise" qui est plus conforme à ma philosophie.)


          Harmonie (和谐)  héxié :  harmonie entre la nature et l’homme, entre le yin et le yang, entre l’extérieur de soi-même et l’intime. Harmonie qui guide les gens dans la recherche de la paix dans l’âme et du repos dans l’esprit. Cette harmonie nous aide à trouver la bonne place de l’être humain dans notre univers.


           Eau limpide (清流 jìngliú : a le mérite de mettre en valeur la pureté spirituelle qui manque cruellement aux êtres humains. La peinture de l’eau et la poésie sur l’eau donnent la fraîcheur, réveille la conscience sur la bonne conduite et insuffle une limpidité dans notre âme.


           Lieu sauvage (荒野 huāngyě : incarne la vérité sur l’harmonie du yin et du yang de notre univers et sur l’aspect original de la nature dans laquelle l’homme doit vivre .

           Climat froid (寒冷) hánlěng : pourrait rafraîchir l’esprit « perturbé » par les considérations mondaines et égoïstes, et invite l’individu à garder la tête sereine devant toutes les séductions matérielles et l’emprise du pouvoir.


           Solitude (孤寞) mu considérée comme un exceptionnel privilège par les maîtres de “culture de l’âme dans la sérénité”, elle est bénéfique pour cultiver la grandeur de l’âme et la pureté de l’esprit à travers un paysage (un univers) peint ou décrit, où règne le silence.






        La poésie shan shui shi 山水诗 shānshuǐshì : est très appréciée par les intellectuels chinois, notamment par les ermites qui s'appliquent dans la culture de leur mental et de leur physique. Ils qualifient  ce genre de poèmes de “contemplatifs”. 

J'ai publié un recueil sous le titre de "Poèmes de silence", les exemplaires sont numérotés.  Illustrés avec mes calligraphies. ils sont présentés dans un coffret. 



J'ai choisi 10 nouveaux poèmes contemplatifs de la dynastie des Tang qui paraitront prochainement sur ces pages.



        Vous y trouverez, je l’espère, une ambiance silencieuse et méditative. 


samedi 18 août 2012

SE PLACER HAUT POUR CONTEMPLER LOIN - (Autre style)

Une autre version de 

遠矚高瞻 
dans le style xingcao

Format 33 x 65 cm - papier mat teinté pailleté d'or

Se placer haut pour contempler loin (avoir la grandeur de l’âme)  

mercredi 15 août 2012

DAO DE JING - OUVRAGE D'ARTISTE

cliquez pour agrandir
 Ce livre d’artiste, unique, est réalisé sous la forme d’un  rouleau de dix huit mètres.
Il comporte les 81 chapitres en chinois du Dao de Jing.  

 Sa calligraphies originales est marouflée sur la soie impériale. Il est  conservé dans une boîte en soie

  Cette pièce unique  est  en vente


lundi 13 août 2012

CINQ ELEMENTS FONDAMENTAUX

    Un proverbe chinois nous recommande judicieusement ceci : 

“Pour mieux apprendre, il faut avant tout mieux comprendre”.

        Les Chinois considèrent volontiers que c’est le premier pas dans l’apprentissage des choses. 
     A propos de la calligraphie, il est primordial d’accorder une attention toute particulière à sa compréhension avant de commencer à prendre le pinceau..
    Les calligraphes chinois sont unanimes pour considérer que les caractères calligraphiés sous le pinceau sont des êtres possédant une vie réelle animée par une âme. 
        Su Shi, alias Su Dongpo 1036 – 1101,  (appelé ermite Colline de l’Est), l’un des plus grands maîtres de calligraphie chinoise, dit : « Toute calligraphie digne de ce nom doit avoir une âme, un souffle, un squelette, de la chair et du sang. S’il manque un de ces cinq éléments, il n’est plus de calligraphie. »
         Les calligraphes chinois appellent cela les « Cinq éléments fondamentaux »


- 
hún
 L'âme : chaque œuvre calligraphique se doit d'exprimer l'état d'esprit et le dynamisme mental de l'auteur. C'est une étape extrêmement sublime dans l'art calligraphique.



   
 Le souffle rythmique : l'auteur laisse couler ses sentiments, ses pensées, son énergie, en un mot sa sensibilité, du bout du pinceau, sur le papier, tantôt à travers des traits pleins, tantôt par des traits secs et cassés, mais tout en garantissant l'équilibre de l'œuvre dans son ensemble. Cet  équilibre est mis en évidence par les différentes proportions des traits.

 - 
xíng Le squelette : il s'agit de l'espace qu'occupe l'œuvre calligraphique grâce à la succession des traits harmonieusement disposés. C’est  "la structure physique visible". On insiste aussi sur l’espace invisible autour des traits tracés en couleur ou en noir. Cet espace, comme "structure invisible", est  tout aussi important pour l’esthétique du squelette de l’idéogramme calligraphié.


 -
ròu
 La chair : selon sa sensibilité et son humeur, le calligraphe utilise des techniques différentes dans le contrôle de la quantité d'encre contenue par le pinceau, dans la pression que le poignet donne au pinceau sur le papier, et dans la vitesse du mouvement du pinceau, pour coucher l'encre et donner chair à son œuvre.


- 
xuè 
Le sang : c'est l'encre. Selon la quantité d'eau contenue dans l'encre, les traits peuvent être denses ou délavés. Cette nuance exprime non seulement l'âme du calligraphe, mais aussi le degré de sa maturité artistique.

          Ce qui est important dans l'art calligraphique, c'est l'équilibre, non seulement dans la structure, mais surtout dans l'esprit de l'oeuvre. La structure est visible. Grâce à la réalisation de l'équilibre dans la structure, qui demande  de longs efforts d'exercices tenaces et patients, on atteindra le but recherché :  

                        "on n'est jamais qu'un artisan de l'écriture. "                                                           


 La réalisation de l'équilibre dans l'esprit est  beaucoup plus sophistiquée, donc beaucoup plus difficile. Elle  permet de devenir un véritable artiste, à condition d'étudier de façon approfondie l'histoire de cet art, de s'imprégner de la philosophie chinoise, de maîtriser l'esthétique ancestrale chinoise et enfin de créer ses propres conceptions artistiques.
 A propos de l'équilibre calligraphique, le grand calligraphe Yu Shinan nous dit : 
          " Si l'esprit n'est pas équilibré, la calligraphie ne l'est pas non plus ; si l'on manque de concentration, alors les caractères sont boiteux." 
           Qu'entend-on par là ? Cela veut dire que chaque œuvre calligraphique doit être visualisée, disposée, et maintes fois corrigée dans l'esprit de l'artiste avant de la “coucher” sur le papier. C'est donc la visualisation interne (et non les yeux de l'artiste) qui dirige la main. Celle-ci, à son tour, actionne à bon escient le pinceau. En un mot, l'équilibre de la composition calligraphique n'est donc pas fonction d'une définition spatiale figée, mais d'une disposition d'esprit. D'où le vaste champ ouvert à la création et à l'expression personnelle.
           L'expression personnelle repose sur les sentiments de l'artiste, sentiments forgés au fond de l'âme d'une part et, d'autre part, sentiments suscités par l'environnement extérieur. C'est la parfaite conjugaison de ces deux types de sentiments qui favorise la création. C'est pourquoi Zhang Zao, grand artiste de l'époque des Song dit à juste titre : 

" Prendre la nature pour maître et puiser la source au fond de l'âme. "

         L'expression des sentiments personnels permet de créer le style artistique individuel. 
             Dans le long cours de l'histoire calligraphique chinoise, un certain nombre de calligraphes, souvent sous l'effet du vin, s'écartèrent de plus en plus des règles,  donnant libre cours à leur esprit et à leur âme. Résultat : la calligraphie perdit sa fonction utilitaire et devint une expression pure et simple de la sensibilité. La digue des contraintes ainsi rompue, le champ de créativité s'en trouva infiniment élargi. D'où la floraison sans précédent des styles cursifs et la naissance de nombreux et importants maîtres artistiques. 

             Il faut remarquer que la recherche d'impact émotionnel est l'étape la plus sophistiquée dans l'art de la calligraphie chinoise. Toute une vie est nécessaire pour forger et perfectionner un style d'expression des sentiments.
               J'ai exercé la calligraphie pendant plus de 60 ans. Je ne suis pas sûr d'avoir déjà parfait mon style pour exprimer mes sentiments. Cependant, cette longue pratique me permet  toujours de mieux comprendre le grand peintre Shi Tao. 
                Il dit  : 
" Au milieu de l'océan de l'encre, il faut établir fermement l'esprit ; 
à la pointe du pinceau, que s'affirme et surgisse la vie ; 
sur la surface de la peinture s'opère une complète métamorphose ; 
au milieu du chaos s'installe et jaillit la lumière !
 A ce point, quand bien même le pinceau, l'encre, la peinture, tout s'abolirait, le Moi subsisterait encore, existant par lui-même. " (extrait de son ouvrage : " Propos sur la peinture)

Ces pensées me guideront toujours dans ma quête de la perfection.


mardi 7 août 2012

SUR LE SOMMET DU MONT TRÈS HAUT.........

La lune illumine la source froide
Je fredonne un chant

Sur le sommet du mont très haut
Je regarde autour de moi, sans limite
Personne ne sait que je suis assis à cet endroit
seule la lune illumine la source froide
La lune ne se reflète pas dans la source
Elle est dans le ciel limpide
Je fredonne allègrement ce chant
qui n'est vraiment pas très chan.

Poème de Han Shan - Traduction française de Shi Bo.  
Quelques livres d'artiste calligraphies à la main - Exemplaires uniques - collection MSG
Ces livres sont au format impérial, c'est à dire qu'ils sont construits "en accordéon". En Europe on parle d'une reliure Leporello.  D'autres exemples sur mon site. 

lundi 6 août 2012

COEUR CALME

nuages
"Seul je m'allonge sous les rochers superposés
Les nuages persistent toute la journée
Ma cellule reste dans l'obscurité
Mon coeur est loin de tout vacarme
En rêve je visite le Palais d'or
Sur le chemin de retour mon âme
Traverse le Pont de pierre
Je m'éloigne de toute perturbation
Sous l'arbre je vide ma gourde "

Poème de Han Shan - traduction française Shi Bo

L'ermite Montagne Froide (Han Shan) dont on ne connait pas la date de naissance ni celle de sa mort, est un moine du monastère sur la Montagne de Tiantai, en Chine. Il vivait sous la dynastie des Tang. 
Ayant élu domicile dans une grotte, sur une roche appelée montagne froide, il pratiquait la contemplation et écrivait sur les pierres, bambous, murs et arbres, des poèmes relatifs à la culture de son esprit dans le silence absolu, nous laissant environ trois cent poèmes. Tous chantent le Chan (Zen), c'est pourquoi les milieux littéraires chinois appellent ses écrits "poèmes de zen".
Extrait de : Le chant du SANS-SOUCI - livre d'auteur calligraphié à la main, format impérial.

samedi 4 août 2012

LE PRINCIPE A CINQ CARACTÈRES REGISSANT L'APPRENTISSAGE DE LA CALLIGRAPHIE CHINOISE -




Les chercheurs et les praticiens de la calligraphie sont tous d’accord pour émettre  le principe à cinq caractères comme représentant un ensemble d’excellents conseils donnés à ceux qui veulent apprendre l’art calligraphique.


                         观 guan : regarder, observer


                         练 lian : faire des exercices, pratiquer
                         养 yang : se cultiver, cultiver l’esprit
                         悟 wu : réfléchir pour comprendre

                         创 chuang : créer
Chacun d'entre eux nécessite  d'être soigneusement médité.

   观 guan : regarder, observer


            Quand on apprend la calligraphie, le premier pas est de regarder l’exemple calligraphique. 

        Comment regarder ou observer ? Les anciens grands maîtres calligraphes nous recommandaient de contempler et d’observer d’abord le physique du mot à imiter, à savoir la position de mot dans son ensemble, et  sa structure physique dans l’espace, surtout la position des traits  et leurs liens ; ensuite la force, le souffle des traits pour pénétrer enfin dans l’esprit du maître qui vous donne l’exemple à calligraphier.

            En résumé, il faut avant tout observer la structure physique (le visible) du mot et saisir son esprit (l’invisible). Ainsi l’observation peut-elle vous guider pas à pas vers la compréhension et la maîtrise de l’âme esthétique de la calligraphie.

         Ce qui est important - et donc difficile -  est d’observer l’invisible à travers le visible.

           Ce n’est qu’en décelant et comprenant cet invisible qu’on peut bien imiter un maître ou un exemple calligraphique.




                 练 lian : faire des exercices, pratiquer
              Des années et des années d’exercices monotones et tenaces sont nécessaires : c’est aussi le seul chemin conduisant à la réussite. A notre époque moderne, le temps manque, tout va vite. L’apprentissage de la calligraphie est un investissement très important en temps et en énergie. Il faut prendre du temps et faire preuve de patience.
             Un dicton chinois nous recommande à ce propos : « Utiliser l’eau de la mer de l’est comme encre et les bambous de la montagne de l’ouest pour pinceaux afin de réussir quelque chose dans l’apprentissage de la calligraphie » En d’autres termes, des litres d’encre et des centaines de pinceaux sont obligatoires pour réussir à maîtriser la base des techniques de la calligraphie.
             On peut suivre un maître pendant les premières années, et lorsqu’on sait bien faire un premier millier de mot chinois en  kaishu et en  xingshu on peut envisager d’imiter un autre maître ou un autre style.
            Le kaishu est la base la plus élémentaire, il offre une image standard du mot et la possibilité d’approfondir la connaissance et le perfectionnement des techniques esthétiques, alors que le xingshu, donnant plutôt une image plus sophistiquée et plus fluide du mot, permet de saisir facilement l’âme du mot. Par conséquent il faut commencer l’exercice par le kaishu et quelques années après continuer par le xingshu.
        
            A travers l’exercice, on doit sentir le souffle de différents pinceaux et savoir prendre le pouls du caractère de différents papiers de riz.

               养 yang : se cultiver, cultiver l’esprit

           L’art calligraphique est réputé en Chine comme un creuset où l’on se forme pour cultiver et enrichir l’esprit. 
           La calligraphie cristallise toutes les connaissances culturelles et artistiques, dont la musique, la danse,  l’histoire, la littérature et surtout la poésie et la philosophie. Lorsqu’on se lance dans l’apprentissage de cet art, il faut avoir toujours présente à l’esprit la détermination de faire un long voyage monotone, studieux et souvent pénible à travers l’océan du savoir humain.



 wu : réfléchir pour comprendre 

        La calligraphie chinoise est animée par la profonde philosophie du taoïsme. L’apprentissage doit donc s’axer sur cette philosophie qui nous guidera pas à pas vers le sommet de la compréhension de  cet art sophistiqué.
          La compréhension est un processus de réflexion, de doutes et de constantes et répétitives remises en cause, et un fois surmontés de nombreux échecs, la compréhension aboutira à l’éveil de l’esprit qui permettra la maîtrise de l’art calligraphique.


 chuang : créer 
              En Chine, l’imitation est depuis toujours un acte glorieux et noble, donc elle est encouragée dans presque tous les domaines artistiques et culturels. Mais l’art doit progresser et se diversifier, on ne peut pas se limiter uniquement à l’imitation. Quand on maîtrise ou presque le style d’un maître, il faut commencer à imiter et à comprendre le style d’un autre maître. Si l’on maîtrise déjà plusieurs styles on peut et doit fondre tous ces styles appris dans son creuset personnel pour forger son style particulier. Ce procédé est appelé « création ».

         Personnellement, durant la première dizaine d’années d’apprentissage, j’ai abondamment et successivement imité Wang Xizhi (321 – 379), Liu Gongquan (778 – 865), Ouyang Xiu (1007 – 1072), Tang Yin (1470 – 1523), Wen Zhengming (1470 – 1559), etc. Et au fur et à mesure j’ai « mélangé » l’élégance du style de Wang Xizhi, la spontanéité du style de Liu Gongquan et de Wen Zhengming ainsi que la flexibilité et la grâce du style de Tang Yin et de l’empereur Huizhong des Song. 
          J'ai ainsi pu forger mon style personnel connu en Chine comme un style appelé « bambou gracieux » (秀竹体) que je perfectionne toujours depuis des dizaines d’années.