Vous trouverez sur ce blog, au fil des jours et des mois, les oeuvres réalisées par le Maitre Calligraphe Shi Bo, ainsi que les stages qu'il propose, ses livres numérotés et autres parutions, ses commentaires ....... Que la visite vous soit un enrichissement.
L'administratrice : Sérénité'art

lundi 10 février 2020

DIALOGUE CALLIGRAPHIQUE 8 - DONNER DES COURS DE CALLIGRAPHIE CHINOISE - suite et fin

... Thierry B : Oh là ! C’est très cérémonieux et solennel ! Et actuellement est-ce que cette cérémonie perdure en Chine ?

SHI Bo : Non, on n’organise plus cette cérémonie. Mais à ma connaissance, cela existe encore en privé : certains parents veulent que leurs progénitures deviennent de bons calligraphes ou de bon peintres, et ils organisent encore dans le privé ce cérémonial pour donner d’une part plus de responsabilité aux maîtres invités, et d’autre part plus d’encouragement aux enfants.
Thierry B : Je comprends. La cérémonie est solennelle, le professeur se doit d’être très sérieux dans la transmission de ses savoirs.

SHI Bo : Exactement ! Mon Maître Xia était à la fois sérieux et très gentil avec moi. Bien patient et très compétent, il m’expliquait en détail les relations entre le noir (encre) et le blanc (papier), entre le mouvement du pinceau et la respiration ; entre la présence de l’esprit dans le pinceau et le relâchement de pensée dans le vide etc… Il répétait inlassablement des traits tantôt sur le papier tantôt dans le vide.

Thierry B : Tu as eu la chance d’avoir un si grand maître !

SHI Bo : En effet ! Jai eu cette grande chance, Monsieur Xia était grand ami de mon père, et il reste mon grand maître que je respecte toujours 
尊師
Maitre vénéré



Thierry B : Monsieur Xia était un grand artiste, il pouvait dispenser des cours, mais nous autres Français connaissons à peine notre pinceau ! Nous ne méritons pas la confiance de nos élèves….

SHI Bo : Mais si ! A condition qu’on reste toujours modeste et sérieux dans la transmission. Lorsqu’on commence à donner des cours, on se doit de travailler avec un grand sens des responsabilités.
Beaucoup de mes élèves animent des cours de calligraphie en France comme dans d’autres pays en Europe. Je les encourage et je suis fier d’eux.
                               
Thierry B : Je remarque qu’ en France des associations invitent des étudiants chinois à donner des cours. Je pense que c’est une bonne voie à suivre.

SHI Bo : Tous les Chinois ne sont pas calligraphes, ils savent tous écrire le chinois, mais ils ne sont pas forcément tous bons en calligraphie. 

Thierry B : Est-ce qu’on peut créer son programme de cours de calligraphie en liant le pinceau avec Qi-Gong et Tai-Ji ?

SHI Bo : Je ne connais pas bien ces deux sports assez  répandus en Chine et aussi en France. Je ne suis pas contre les idées créatrices. Tu es maître du Qi-Gong, tu es mieux placé que moi pour savoir si on peut organiser des cours combinant Qi et Pinceau 
气和笔书法课
Qi et pinceau : cours de calligraphie

Thierry B : Je vais y réfléchir.

SHI Bo : Tu as appris la calligraphie depuis des années, tu peux donner des cours calligraphiques de base. J’espère que tu travailleras consciencieusement avec tes élèves.

Thierry B :  Bien sûr que oui. Merci beaucoup !.


lundi 3 février 2020

DIALOGUE CALLIGRAPHIQUE 8 - DONNER DES COURS DE CALLIGRAPHIE CHINOISE

上書法課
Au début de décembre, Paris était en grève. J’ai donc eu des jours tranquilles car les transports en commun étant «  en panne », mes cours furent naturellement annulés ; ainsi ai-je pu inviter des amis à venir dans mon nid savourer un bon thé et bavarder. Mon ami Thierry B est venu chez moi à trottinette, nous avons parlé des cours de calligraphie à enseigner.

Thierry B : Mon association de Qi-Gong possède dans la banlieue une grande salle où je donne des cours de Qi-Gong et Tai-Ji. Les participants sont nombreux. Plusieurs d’entre eux me demandent d’organiser des cours de calligraphie chinoise, j’hésite beaucoup. Crois-tu que j’en sois capable ?

SHI Bo : Beaucoup d’amis me posent cette question ; je leur réponds toujours positivement. A mon avis, si dans un domaine tu possèdes des connaissances, tu peux toujours donner des cours à ceux qui ignorent ce domaine. Le sage Confucius dit : 
先 者 为 师 

ce qui veut dire que « celui qui te précède dans quelque domaine peut te servir de guide ».

Thierry B : Je pense que donner des cours est une affaire solennelle, le professeur - ou le guide - doit être excellent dans le domaine dont il s’agit.

SHI Bo : Tu as raison, cela me rappelle la cérémonie organisée par mes parents quand mon Maître Xia m’a accepté pour élève : un jour très froid en hiver à Shanghaï quand j’avais 5 ans, mon père mit une table dans la cour où ma mère disposa plusieurs plateaux remplis de fruits et un brûle-parfum flanqué de quatre grosses bougies rouges déjà allumées. Sur le sol en bas de la table, ma grand-mère posa un épais coussin rouge en murmurant : « pour protéger les genoux de mon petit. ». 
A ce moment-là, mon père appela vers le salon : « Maître Xia, tout est prêt ! » Alors du salon sortit Monsieur Xia que je connaissais car il venait souvent siroter un thé avec mon père. Dordinaire, je lappelais :

夏 先 生
Monsieur Xia.  

Mais quand il se plaça devant la table, mon père me dit : « Agenouille-toi sur le coussin rouge et prie  Maître Xia de te prendre comme élève de calligraphie ! »
J’ai exécuté scrupuleusement son commandement et énoncé à haute voix « Maître Xia, voulez-vous me prendre pour élève ? »
Avec un grand sourire discret Monsieur Xia me releva du coussin tout en maffirmant avec beaucoup de sympathie : « Volontiers mon petit ! Désormais tu es mon petit disciple. Je ferai de mon mieux pour te guider sur le long chemin de calligraphie. »

漫 漫 書 法 路


Emu aux larmes, je me jetai dans ses bras. . .     
(A suivre)