Vous trouverez sur ce blog, au fil des jours et des mois, les oeuvres réalisées par le Maitre Calligraphe Shi Bo, ainsi que les stages qu'il propose, ses livres numérotés et autres parutions, ses commentaires ....... Que la visite vous soit un enrichissement.
L'administratrice : Sérénité'art

mardi 29 septembre 2020

APPRENDRE TOUT SEUL LA CALLIGRAPHIE - FIN

SHI Bo : A propos de l’agencement de l’œuvre calligraphique, j’aimerais dire un mot sur l’épaisseur des traits (笔画粗细  ). 

                      Un bon calligraphe est fin maître du contrôle de l’ épaisseur des traits. 

  

笔画粗细


    Tu sais que le rythme et la respiration de l’œuvre calligraphique se font sentir grâce à la variation savante de l’épaisseur des traits, d’où la beauté de l’œuvre. C’est pourquoi j’insiste inlassablement sur l’observation de l’épaisseur de chaque trait. 

草书大师智永和尚

    Je conseille de regarder la calligraphie du plus grand maître du caoshu, le moine Zhiyong(草书大师智永和尚  ), ses traits dans le même idéogramme varient étonnamment et offrent un spectacle esthétique de l’art graphique.


    En général, le trait bien épais (bien gras) donne la vigueur et le poids (stabilité) à l’œuvre alors que le trait fin et sec fait sentir l’accélération ( mouvement ) et la respiration ( circulation de l’énergie ). Surtout les traits secs fournissent aux lecteurs beaucoup d’espace à l’imagination. Tout cela se conjugue pour donner vie à l’œuvre.


Corinne P. : Tout cela m’intéresse énormément. Je vous promets d’appliquer tout cela dans mon exercice calligraphique.

 

Shi Bo : Bravo ! Pour terminer notre dialogue, je voudrais encore dire quelques mots sur la compacité et le relâchement des traits   松与紧   




La philosophie chinoise propose ce célèbre adage ancestral : 文武之道,一张一弛, je le traduis en français ainsi : la voie qui régit les lettres et l’art militaire préconise tension et relâchement. Tout bon gestionnaire, civil ou militaire, administratif ou artistique, cherche à respecter cet adage, les gestionnaires du pinceau que nous sommes le traduisent par  une excellente alternance de la compacité et du relâchement dans l’agencement des mots de l’œuvre. Quand on admire un beau tableau de calligraphie, les traits savamment serrés et les traits exagérés à bon escient sautent aux yeux, tout le tableau rayonne d’entrain et de mouvements esthétiques.

 

Quand on imite le modèle du professeur, pendant des cours par correspondance, il faut observer ce contraste entre compacité et relâchement avant d’imiter trait par trait, mot par mot, ligne par ligne, pour s’approcher le plus près possible du modèle.

 

En conclusion, durant cette longue période du déferlement du coronavirus, si l’on peut suivre mes quelques conseils énoncés ci-dessus, on pourra bien profiter du temps dont on dispose pour mieux progresser sur ce chemin de calligraphie. Je souhaite bon succès à tous mes amis de calligraphie.

 

Corinne P. : Merci pour ces conseils avisés! Je suis sûre qu’ils m’aideront vraiment à progresser durant mes cours par correspondance !

 

SHI Bo : Bon courage 



samedi 12 septembre 2020

APPRENDRE TOUT SEUL LA CALLIGRAPHIE - 2

 (suite....) 

观察 ) 


 

Corinne P. : Pourriez-vous dire quelques mots sur cette observation 观察  si importante ?

 

SHI Bo : Volontiers !

Imaginons que devant toi tu as une œuvre de ton professeur à imiter, d’abord tu la regardes dans son ensemble sans entrer dans les détails, cela te permettra d’avoir une vue d’ensemble organique et esthétique du tableau, cette vue te fera sentir le battement du pinceau du professeur : il est lent ou rapide, il est calme ou angoissé, tu devras sentir le battement du cœur de l’ouvrage, donc le battement du cœur du maître. Et puis, tu observeras chaque mot dont les traits sont liés ou croisés, raccourcis ou allongés, rapprochés ou espacés. Surtout il faut être très attentif à chaque méandre des traits, car ces méandres sont précisément des techniques personnelles de chaque grand calligraphe. Ton regard suivra tous les méandres des mots plusieurs fois de suite, d’abord lentement et puis de plus en plus  rapidement. Au fur et à mesure, tu pénétreras le secret de ton professeur dans ses méandres calligraphiques. Résultat : tu respireras comme ton maître, ton pinceau dansera au même rythme que son pinceau.

 

Corinne P. : Ah ! tout ce que vous avez dit me paraît très important et très intéressant. Durant les cours par correspondance, les élèves ont le temps d’observer et de pratiquer. L’observation dont vous avez parlé me semble très utile pour réussir l’exercice tout seul à domicile. Dans la pratique, vous m’avez conseillé de faire des répétitions sur différentes dimensions. Pourriez-vous m’expliquer un peu cet exercice ?

 

SHI Bo : Avec plaisir. Pourquoi dois-tu faire des exercices en différentes dimensions ? En un mot, c’est pour acquérir la bonne conception et la bonne pratique de l’espace de l’œuvre. Chaque modèle calligraphique fourni par le professeur est en réalité une œuvre bien agencée. 

 布局 




Je m’explique : l’agencement ( 布局  ) de l’œuvre concerne les dimensions différentes des mots, il est bien variable, en d’autres termes, dans une belle œuvre en xingshu, les idéogrammes ne doivent pas se présenter sous la même dimension. De façon générale, le premier mot et le dernier mot doivent être un peu plus grands pour marquer le départ (premier mot) et la solide base (dernier mot).

 

Pour ceux qui suivent des cours par correspondance, ils doivent bien observer d’abord la dimension de chaque mot, et puis l’épaisseur de chaque trait. Quand ils ont dans la tête une image claire de chaque trait et de chaque mot, ils cherchent à les imiter le plus près possible du modèle.  Cette imitation est répétitive jusqu’à ce que tous les mouvements du pinceau deviennent spontanés et naturels.

 

Corinne P. : Justement cet exercice patient et répétitif  me manque, car lorsque j’imite le modèle, j’ai toujours l’intention d’aller vite au but.


 欲速则不达


SHI Bo : C’est ce qu’on dit en chinois : 

欲速则不达

plus on se dépêche, moins on réussit. 

N’oublie pas que l’apprentissage de la calligraphie est un processus patient, long et répétitif.

 

Corinne P. : Oui, je vous comprends bien, d’ailleurs vous m’avez répété souvent ce principe primordial pour tous ceux qui veulent avancer sur ce long chemin. 

(à suivre)

 

mercredi 2 septembre 2020

APPRENDRE TOUT SEUL LA CALLIGRAPHIE

  话说自学书法


(自学书法)

Corinne P. : Depuis mars dernier, je suis des cours de calligraphie par correspondance ( 函授 ). C’est difficile, exigeant et je me demande souvent comment je pourrais progresser sans professeur à mes côtés pour me corriger.

 

函授 )

SHI Bo : Travailler tout seul la calligraphie est une façon d’apprendre, elle permet tout aussi efficacement de progresser. Surtout pour ceux qui ont déjà une base calligraphique.

 

Corinne P. : Mais je trouve que cette procédure est difficile, pour ne pas dire impossible…

 

SHI Bo : Difficile, oui, mais pas impossible. Difficile, parce qu’on ne connaît pas bien la structure de chaque idéogramme qu’il faut déchiffrer soi-même, et puis, parce que certains détails peuvent échapper à notre attention alors que ces détails sont souvent importants et essentiels pour imiter le modèle calligraphique du professeur.

 

Corinne P. : Notamment dans le xingshu, les traits sont souvent liés, ils sont tantôt épais, tantôt fins , et même très secs, il m’est difficile de suivre le mouvement du pinceau du professeur qui est  absent  dans les cours par correspondance .

 

SHI Bo : Tu as raison, dans le xingshu, les traits sont bien libres et liés ( 联笔   ), de temps en temps invisibles parce que des liaisons peuvent cacher des traits réels. A ce moment-là, il faut prendre un crayon et essayer de tracer les traits du kaishu trois fois ou cinq fois, de plus en plus vite et sans soulever le crayon du papier. Grâce à cette procédure, tu pourras déjà tracer le mot en xingshu avec des liaisons entre les traits.

 

(联笔)


Corinne P. : Ah oui, c’est bien ça, je n’y ai pas pensé. En fait, le xingshu est le kaishu rapidement tracé.

 

Shi Bo : D’une certaine façon on peut dire cela. Le xingshu se caractérise entre autres par le rythme ( 节奏 ), ce mot «rythme » signifie la respiration du pinceau qui, comme pour l’être humain, doit garantir son énergie acheminée par les différentes vitesses de ses mouvements. Quand tu imites le modèle calligraphique de ton professeur, tu dois d’abord bien regarder le modèle pour trouver son rythme, sa respiration et puis tu t’incorpores dans cette respiration avant de faire sillonner ton pinceau sur le papier. Tu verras, si tu fais avant tout une observation attentive du modèle, ton pinceau dansera plus gracieusement.

 

节奏 )

Corinne P. : C’est votre secret de réussite ?

 

SHI Bo : Non, c’est mon expérience, pas mon secret, car j’explique cela à tout le monde. Je dis souvent cela: l’élève respire au même rythme que son professeur ; son pinceau respire comme le pinceau du professeur. Pour y arriver, il faut bien observer et sentir le rythme du modèle calligraphique.                                                       

                                                                                                                 (.... À SUIVRE)