Vous trouverez sur ce blog, au fil des jours et des mois, les oeuvres réalisées par le Maitre Calligraphe Shi Bo, ainsi que les stages qu'il propose, ses livres numérotés et autres parutions, ses commentaires ....... Que la visite vous soit un enrichissement.
L'administratrice : Sérénité'art

jeudi 25 octobre 2018

TOUSSAINT ET CHRYSANTHEMES


La Fête de Toussaint arrive. A cette occasion, chaque année, les gens vont honorer les tombes avec des bouquets de chrysanthèmes de toutes les couleurs. Les cimetières se transforment en jardins multicolores.
A cette période, j’aime flâner dans le cimetière de Montparnasse ou dans celui de Montrouge où les allées sont jalonnées de gros bouquets de chrysanthèmes.

Chrysanthème ! Fleur romantique ! Et dans l’esprit des Chinois, du moins des anciens Chinois, cette fleur symbolise noblesse, beauté et nostalgie pour les meilleures choses du passé.
Le 17 octobre 2018, c’était la Fête du Double Neuf (9e jour du 9e mois de l’année lunaire chinoise), Mon fils m’envoya un mail, m’invitant à boire une coupe de vin au chrysanthème. En fait je n’ai pas ce vin, j’ai dû trinquer avec une tasse de thé au chrysanthème. La joie était immense. Le cœur était joyeux.
Quand la joie est retombée, je commence à fredonner : 
le poème de Yuan Zhen ( 779 – 831 ) des Tang 
 «Chrysanthème» :

菊花
元稹
秋叢繞舍似陶家
遍繞籬邊日漸斜
不是花中偏愛菊
此花開盡更無花


Chrysanthèmes
Des touffes de chrysanthèmes d’automne entourent
Ma maison comme chez Tao*
Je tourne autour de la clôture en les admirant
Jusqu’au coucher du soleil
Ce n’est pas parce que j’ai une prédilection pour eux
Mais après la saison de leur éclosion
On ne trouve plus d’autres fleurs

Remarquez que dans le premier vers l’auteur faisait allusion à la cour de  Tao, Car Tao Yuanming avait composé plusieurs poèmes sur sa cour couverte de chrysanthèmes, ses fleurs de prédilection.

Dans la poésie chinoise, on trouve bon nombre de poèmes les chantant . Le premier nom concerné qui surgit dans ma mémoire est celui de Huang Chao. Il leur consacra plusieurs poèmes . Voici le plus célèbre :
Poème aux chrysanthèmes
Huang Chao


題菊花
黃巢
颯颯西風滿院栽
蕊寒香冷蝶難來
他年我若為青帝
報與桃花一處開     


La cour est couverte de chrysanthèmes
Qui bruissent au vent d’ouest
Leurs pistils distillent un parfum glacial
Les papillons l’ignorent
Si un jour je devenais dieu de printemps
Je les ferais éclore avec les fleurs de pécher en même temps

Huang Chao est en fait un personnage historique dont la vie a été pour le moins chaotique : pendant sa jeunesse il s’appliqua durant des années dans l’étude des anciens textes littéraires dans le but de réussir à l’examen impérial. Mais il échoua invariablement plusieurs participations à cet examen.  Son rêve de devenir haut mandarin ayant échoué, il commença à caresser une autre ambition : devenir empereur de l’Empire du Milieu par insurrection paysanne. En effet, il réussit à rassembler des dizaines de milliers de paysans armés d’outils agricoles et à s’emparer de la capitale impériale. 
Mais, juste au moment de la conquête du palais impérial, un de ses capitaines le trahit et dénonça à la garde du palais son plan d’attaque,  il fut arrêté et exécuté sans pouvoir même voir le trône.




jeudi 11 octobre 2018

孟浩然:浩气长存的诗人 MENG HAORAN : POETE D’ÂME NOBLE - 2


B. Spécialiste de la description de la lune
Meng Le Noble nous laissa en tout 321 poèmes dont la plupart sont à quatre vers de 5 pieds chacun:

 (五言律诗)
Avec rythme et légèreté il chanta joyeusement la nature, le climat et surtout la lune. 

                        Lu Haizhong ( 鲁海钟), spécialiste shanghaien de l’ancienne poésie chinoise ( un de mes amis d’enfance ), dit dans son livre intitulé : 
« 孟浩然的月亮诗 »
« La lune dans les poèmes de Meng Haoran » : 
 Parmi le 321 poèmes de ce grand chanteur de la nature, pas moins de 173 ont des vers sur la douce lune. Meng Haoran prenait évidemment la lune comme source de douceur et de sérénité.

Voici un de ces poèmes qui chantent le calme sous la lune

夜归鹿门歌

山寺鸣钟昼已昏     
渔梁渡头争渡喧
人随沙岸向江村     
余亦乘舟归鹿门

鹿门月照开烟树     
忽到庞公栖隐处
岩扉松径长寂寥     
唯有幽人独来去

Photo tirée du livre "Passion à l'encre" - visible dans la marge du blog.
 Le poème est lisible sur ces deux pages
cliquer sur l'image pour l'agrandir.
En rentrant la nuit à Lumen

A la tombée de l’obscurité
Tinte la cloche du monastère dans la vallée
Des gens embarquent dans le vacarme
D’autres longent la rive sablonneuse vers le village
Et moi je retourne aussi à Lumen en bateau
La lune éclaire Lumen, dissipant la brume des arbres
Bientôt j’arrive à l’ermitage du maître Pang
Derrière une porte encadrée de pierres
Un sentier de pins silencieux
Seul l’ermite l’emprunte en sortant et revenant
(à suivre...)

mercredi 3 octobre 2018

孟浩然:浩气长存的诗人 MENG HAORAN : POETE D’ÂME NOBLE - 1


Meng Haoran est né en 689 dans une famille relativement pauvre. Ses parents lui donnèrent un prénom prophétique : 浩然 qui veut dire "âme noble, grandeur du caractère", par conséquent, Meng Haoran  signifie Meng le Noble.

A. Grand maître de la poésie montagne-eau

En effet, notre noble poète était un grand maître de la poésie Montagnes-Eaux ( 山水诗 )  et sa réputation dans ce domaine égalait celle de Wang Wei. 
Voyons deux de ses nombreux poèmes Montagnes-Eaux :

Poème 1

宿 建 德 江

移舟泊烟渚     日暮客愁新
野旷天低树     江清月近人
                               

Meng Haoran


Je passe la nuit au bord du fleuve Jiande

J’amarre mon bateau près d’un îlot brumeux
La nuit tombe, la mélancolie me gagne
La terre est immense, le ciel frôle les arbres
La lune qui joue sur l’eau limpide semble si proche

Dans ce poème, l’auteur décrit un paysage paisible près d’un îlot entouré d’une immense plaine baignée de la douceur au clair de lune. En lisant cet écrit, on se sent gagné par la sérénité et le calme qui règnent sur le fleuve

Poème 2

题义公禅房

义公习禅寂     结宇依空林
户外一峰秀     阶前众壑深

夕阳连雨足     空翠落庭阴
看取莲花净     方知不染心
                                    



Ecrit sur le mur de l’ermitage du maître Yi

L’ermite Yi est un maître de la méditation
Dans une forêt profonde et déserte
Il a bâti sa maison
Dehors un mont magnifique, pittoresque
Devant le perron, de multiples ravins profonds
Le couchant amène une pluie rafraîchissante
La verdure projette une ombre dans la cour calme
Par la limpidité du lieu
On aperçoit la pureté de l’esprit du maître

Nous voyons dans ce magnifique poème un profond ravin couvert de forêts et une maison de méditation cachée par les arbres. Un profond silence y règne. Le poème lui-même est une excellente description de ce lieu limpide.
 ( A suivre )