Parlons de "shan shui hua"
问答山水画
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Léa A : L'état mental de l'artiste a t il une importance?
Shi Bo |
Shi Bo : Il est primordial. Chaque œuvre doit exprimer une volonté, un désir, une passion, en un mot, c’est une procédure de recherche mentale, sentimentale, spirituelle. L’esprit de l’artiste décide de tout concernant l’œuvre.
Léa A : Toutes ces questions te paraissent sans doute étonnantes ou même idiotes ! mais je me les pose souvent....
Alors, d'autres personnes peuvent aussi se les poser!
Shi Bo : Ce ne sont pas du tout les questions idiotes comme tu le dis. Il s’agit là de l’essentiel de shan shui hua qui se lit non seulement par les traits noirs, mais surtout par les petits et grands espaces blancs que l’artiste aménage intelligemment sur le tableau.
J’aimerais ajouter un mot sur les espaces blancs du shan shui hua. Comme en calligraphie, les blancs (vides) sont une expression plus intense, plus profonde, plus imaginaire que les traits noirs. Souvent ce sont ces petits ou grands espaces qui cachent le parfum du mystère que tu ressens. Si le premier plan et le dernier plan du tableau sont trop remplis de traits noirs, les lecteurs se sentent étouffés, écrasés.
Prenons la cascade pour exemple : sur un shan shui hua, si tu aménages une ou deux cascades en blanc, ton tableau prend immédiatement vie, car ces espaces blancs donnent beaucoup de mouvement et de respiration au tableau et font même entendre le grondement de la chute d’eau. Un vrai mystère !
Shi Bo |
Léa A : A propos des shan shui hua, j'ai aussi une question concernant le poème. Est-ce la peinture (finie ) du paysage qui déclenche la création du poème par l'artiste? Ou bien inversement, le poème est-il écrit avant la création de la peinture shan shui, et ainsi l'artiste peint en interprétant le poème? Ou bien, le poème peut- il être écrit par un autre artiste ? (différent du peintre )
Shi Bo : Les trois cas que tu cites sont possibles. Souvent le peintre est l’auteur du poème, mais on peut aussi peindre selon l’image d’un poème écrit par un poète. L’empereur Qianlong de la dynastie des Qing, grand lettré et poète de l’époque, aimait composer et calligraphier ses poèmes sur des œuvres picturales qu’il collectionnait abondamment. J’ai moi-même eu l’occasion de calligraphier mon poème sur une peinture d’un ami peintre shanghaïen qui avait exposé à Paris.
Léa A : Merci pour toutes ces explications précises et précieuses !
Shi Bo : C’est un grand plaisir pour moi de parler de ce sujet.
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