浅谈学习中国
书法进程
Comme pour chaque chose, l’apprentissage de la calligraphie chinoise a ses règles et son processus à suivre....
D’abord, apprendre la calligraphie est un long parcours qui exige beaucoup de volonté, de patience, de sacrifices et d’humilité. Il m’arrive souvent d’expliquer ce long chemin à ceux qui veulent être calligraphes au bout de deux ou trois ans d’exercice au pinceau !
Mais pourquoi cet apprentissage est-t-il si long ?
Parce que la calligraphie n’est pas seulement une question graphique, mais qu’ elle est aussi le creuset de la culture chinoise : histoire, poésie, philosophie, littérature, langue, sentiment, humeur personnelle, etc.
Et puis, la calligraphie est aussi un long perfectionnement de la personnalité individuelle : calme contre turbulence, patience contre impatience, désir de progrès contre autosuffisance, modestie contre m’as-tu-vu, etc.
C’est un long processus de remises en question continues.
Ensuite, la calligraphie est un art complexe et donc difficile à maîtriser. Dix ans ? Quinze ans ? Vingt ans ? Cela dépend de tout un chacun.
Bien des gens veulent aller au but rapidement. Ce n’est pas possible, car cet apprentissage a des étapes incontournables.
Prenons comme exemple les étudiants à l’université - en Chine - qui ont choisi la calligraphie pour spécialité d’étude : ils doivent tous suivre un long programme qui s’étend sur cinq ans.
-- La première année d’étude est consacrée à l’apprentissage du zhuanshu 篆书 (sigillaire) qui est à l’origine de l’écriture chinoise. Cette année permet de connaître vraiment l’origine des caractères ( forme et signification ). Il s’agit là du départ du processus de l’apprentissage.
illustration : tirée de « Passion à l’encre » p.142 – 143
-- La deuxième année est centrée sur l’apprentissage du kaishu 楷书 ( écriture régulière qui est pratiquée dans la vie courante des Chinois) et sur toutes les techniques du pinceau.
Si l’on veut aller loin sur ce chemin, il est obligatoire de bien maîtriser les techniques de base du kaishu.
En Chine, on dit ceci : sans un bon kaishu, on ne sera jamais un vrai calligraphe.
Les étudiants chinois continuent à se perfectionner en kaishu pendant les 3e, 4e et 5e années universitaires.
illustration : tirée de « Passion à l’encre » p.189
-- La troisième année a pour thème principal l’apprentissage du xingshu 行书 (écriture cursive ) dont les traits des mots sont souvent liés, la forme des mots est plus libre et plus dynamique.
On pense souvent qu’on peut tracer le xingshu “comme on veut”, sans aucune règle à respecter. Mais non ! Le xingshu possède et traduit beaucoup plus les sentiments et le caractère de l’auteur, tout en respectant le principe primordial de la calligraphie :
- harmonie entre le blanc ( papier ) et le noir ( encre ),
- symetrie de part et d'autre de l'axe et équilibre des épaisseurs des traits (délicieuse alternance des traits fins et des traits épais) Que sais-je encore....
illustration : tirée de « Passion à l’encre » p 45
-- La quatrième année est destinée à l’étude du caoshu 草书 ( herbe folle ) Ce style est très vif et très personnalisé, hautement épuré et savamment abstrait, donc très difficile. Les étudiants se consacrent entièrement à copier un grand maître historique, trait par trait, mot par mot, vers par vers…
Cette étape leur est importante pour forger la personnalité de leur calligraphie déjà assez bien affirmée. ‘
( illustration : voir « Passion à l’encre » p. 94 )
-- La cinquième année est destinée à composer la thèse théorique basée sur les connaissances théoriques et pratiques acquises durant les quatre années précédentes.
C’est la dernière année d’étude couronnée par un diplôme universitaire qui, pourtant, ne signifie pas la fin de l’apprentissage.
…et cependant, le chemin vient à peine de commencer …
En Europe, l’écriture et la langue chinoises nous sont totalement étrangères, ce qui fait que l’apprentissage de la calligraphie chinoise devient un vrai « casse-tête chinois » : tout nous paraît étrange, bizarre et compliqué, il faut de longues années pour pénétrer vraiment ce labyrinthe esthétique. Plusieurs de mes élèves, au bout d’une vingtaine d’années de labeur à mes côtés, arrivent à très bien calligraphier et leurs œuvres sont chaleureusement appréciées à Pékin et à Shanghaï par mes anciens collègues. C’est très encourageant et réconfortant. En même temps, cela prouve aussi la nécessité de la patience , de la ténacité et de l’humilité pour réussir ce long parcours.
Vouloir c’est pouvoir !
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