Le grand saint calligraphe Wang Xizhi avait un fils qui s’appelait Wang Xianzhi, lui aussi, importante figure calligraphique dans l’histoire culturelle chinoise. Celui-ci aimait ardemment la jeune fille lettrée Tao Ye (qui signifie en chinois feuille de pêcher). Un soir, lors de leur rencontre dans un salon de thé, le jeune homme improvisa ce poème à sa bien-aimée :
桃葉復桃葉,
渡江不用楫。
但渡無所苦,
我自來迎接
Les feuilles de pêcher se succèdent
On peut traverser la rivière sans faire appel à la barque
Je passe donc le cours d’eau sans peine
Pour accueillir mon amour
Sa bien-aimée Tao ye, très touchée par cette déclaration d’amour, lui improvisa à son tour deux poèmes:
桃葉映紅花,
無風自婀娜。
春花映何限,
感郎獨採我。
桃葉復桃葉,
桃樹連桃根。
想憐兩樂事,
獨使我殷勤
Chant des feuilles de pêcher
Parmi les feuilles de pêcher
Les fleurs rouges éclatantes
Malgré le manque de vent
Elles dansent gracieusement
Au printemps les fleurs rivalisent de beauté
Tu n’as d’yeux que pour mon visage
Les feuilles de pêcher se succèdent
Les troncs sont liés à la racine
Nous nous complétons comme fleurs et feuilles
Mon amour est encore plus indéfectible
2
團扇復團扇,
許持自障面。
憔悴無復理,
羞與郎相見。
青青林中竹,
可作白團扇。
動搖郎玉手,
因風托方便。
Chant d’éventail rond
L’éventail rond à la main
Je m’en sers pour cacher mon visage
Honteuse de ne pas avoir bien peigné mes cheveux
Je n’ose pas rencontrer mon amoureux
Au fond de la forêt
Parmi les bambous verts
Je fais un éventail rond tout frais
Tu l’agites avec ta main douce comme le jade
La brise m’enivre de ton amour
Bambous et rochers - Zheng Xie |
(illustrations extraites de "Trois mille ans de peintre Chinoise - chez Ph. Piquier)
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