難得糊塗
Un jour, sous le règne de l’empereur Qianlong de la Dynastie des Qing ( qui régna de 1736 à 1796 ), Zheng Banqiao鄭板橋, grand écrivain et célèbre peintre-calligraphe, se rendit à la montagne Yunfeng pour visiter une fameuse stèle calligraphiée. Tard dans la soirée, il descendit au pied de la montagne et entra dans une maison modeste tenue par un vieux lettré. Celui-ci se disait « vieillard embrouillé », mais parlait d’un ton noble et avec un vocabulaire recherché et raffiné.
Dans la salle de séjour, trônait sur la table un immense encrier magnifiquement ciselé. C’était une belle pierre à encre d’une extrême qualité. Le « vieillard embrouillé » invita Zheng Banqiao à laisser quelques mots qu’il allait faire graver sur le dos du précieux encrier.
Le peintre-calligraphe prit le pinceau et écrivit quatre mots : « 難得糊塗 » qui contiennent justement le sens “d’embrouiller”.
Le « vieil embrouillé » fit semblant de ne pas comprendre ces quatre mots. Il demanda à Zheng Banqiao de les lui expliquer . Zheng reprit le pinceau et calligraphia une assez longue phrase :
聰明難,糊塗尤難,由聰明而轉入糊塗更難 …
Cette phrase signifie ceci : Il est difficile d’être intelligent, il est encore plus difficile d’être embrouillé, il est d’autant plus difficile de passer de l’intelligence à l’embrouillement (étourderie).
Dès lors, les quatre mots難得糊塗 se répandirent rapidement à travers l’Empire chinois, et eurent de larges échos dans les milieux intellectuels.
Ils sont devenus un proverbe surtout utilisé par les grands lettrés déçus ou désabusés qui affichaient une apparence “de bête” devant une situation décevante.
Les lettrés chinois aiment faire calligraphier et maroufler ces quatre mots et les accrocher dans leurs salons pour se rappeler et rappeler aux invités leur philosophie de vie : “il est nécessaire de fermer de temps en temps les yeux sur une injustice ou sur une situation décevante.”
Dans les milieux intellectuels chinois, on aime aussi rapprocher ces quatre mots des suivants * :
捨得吃虧 ( she de chi kui ).
難得糊塗 et 捨得吃虧 sont donc deux sentences très prisées par les intellectuels chinois -anciens et actuels - qui contemplent le monde tumultueux avec détachement et désintéressement.
C’est ce qu’on dit 冷眼觀濤 qu’on aime aussi calligraphier pour accrocher au mur.
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難 (nan) difficile
得 (de) obtenir
糊 (hu) coller - vague
塗 (tu) enduire - gribouiller
難得 difficile ( rare) à obtenir ; difficile (rare) à être
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