Vous trouverez au fil des posts qui traitent ce sujet :
- une introduction - l’histoire de cette épopée et les poèmes qui en ont découlé - mes calligraphies et mes 3 traductions de ces poèmes.
Introduction : Si je présente ici mes trois traductions, sensiblement différentes les unes des autres, c’est dans le but de faire découvrir que la compréhension de la poésie chinoise ancienne est très difficile. Elle varie selon l’a culture de ceux qui la lisent, mais aussi, en fonction de l’émotion que peut provoquer cette lecture, selon l’état d’esprit dans lequel on se trouve.
La lecture des poèmes de ce couple malheureux remue mon âme et brise profondément mon cœur. Difficile d’exprimer mes multiples émotions intimes devant cette ancienne histoire dont l’injustice sociale constitue depuis lors une épopée magnifique et poignante d’amour fidèle mais déchiré.
Inspiré par leur beauté,
je me laisse emporter au gré de mon pinceau qui galope gracieusement sur le papier de riz.
Oiseaux : peinture de l'Empereur Huizong. |
Lu You ( 1125 – 1210) , est très connu en Chine pour le patriotisme qu'il a déployé durant l’invasion des barbares du nord de l’Empire. Rares sont ceux qui connaissent l’histoire de son grand amour déchiré qui tourna au drame.
Grand mandarin et expert en poésie, Lu You participa activement à la lutte contre la domination des Mongols. Il composa de nombreux poèmes pour encourager le peuple Han à endiguer l’invasion des territoires du sud de l’Empire par ces barbares .
Dans sa vie privée, il fut très malheureux. Il épousa, dans sa jeunesse, sa cousine Tang Wan, également grande lettrée et célèbre poétesse. avec laquelle il partagea quelques années de bonheur, voyageant ensemble, composant des poèmes communs, dansant et chantant leurs œuvres poétiques.
Malheureusement, la mère de Lu You ne tolérait pas Tang Wan, elle ne supportait pas ses talents poétiques, musicaux et picturaux. Sous la pression de cette mère, et respectueux de la piété filiale Lu You dut quitter Tang Wan, dans une grande douleur, car ils s’aimaient profondément.
Après cette cruelle séparation , dont ils ne devaient jamais se remettre, Lu You épousa une autre femme, tandis que Tang Wan, elle, épousa, sans véritable amour, le lettré Zhao Shichen.
Quelques années plus tard, en l’an 1155, par un jour printanier radieux, Lu You fit une promenade solitaire dans le célèbre jardin Shen de Shanyin , sa ville natale (actuelle province du Zhejiang). Le hasard voulut qu’Il y rencontre son amoureuse, Tang Wan, accompagnée de son mari Zhao Shichen.
Pour lui faire comprendre ses sentiments toujours aussi sincères et profonds, Tang Wan lui fit apporter des mets succulents et du bon vin. Lu You vida quelques coupes de ce vin et dans l’ivresse, écrivit ce long poème sur le mur du jardin
Sur l’air Chai Tou Feng (釵頭鳳).
Voici son improvisation poétique :
ecriture simplifiée
红酥手,黄藤酒,满城春色宫墙柳。
东风恶,欢情薄,一怀愁绪,几年离索。错,错,错 !
春如旧,人空瘦,泪痕红浥鲛绡透。
桃花落,闲池阁。山盟虽在,锦书难托,莫,莫,莫 !
Calligraphie de Shi Bo - Collection personnelle d'Elisabeth Bourgeas. |
Ecriture régulière.
紅酥手,黃藤酒,滿城春色宮墻柳。
東風惡,歡情薄,一懷愁緒,幾年離索。錯,錯,錯 !
春如舊,人空瘦,淚痕紅浥鮫綃透。
桃花落,閒池閣,山盟雖在,錦書難托,莫,莫,莫 !
Ma 1ère Traduction :
Ta main rosée et tendre remplissait ma coupe d’un vin jaune ambré
Dans l’enceinte de la ville
régnaient des couleurs de printemps
dansaient les saules gracieusement
Le vent d’est fut trop cruel
Emportant nos sentiments heureux
laissant notre âme remplie de tristesse,
Des années de solitude de déchirement
Injuste ! Injuste ! Injuste !
Le printemps reste inchangé
L’homme a maigri
Tant de larmes mêlées au fard trempent nos mouchoirs de soie
Les pétales de pêcher pleuvent
Le pavillon au bord de l’étang déserté
Mes serments d’amour restent aussi éternels que la montagne
Mais comment te faire parvenir ce message de fidélité ?
Impossible ! Impossible ! Impossible !
(à suivre)
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