Vous trouverez sur ce blog, au fil des jours et des mois, les oeuvres réalisées par le Maitre Calligraphe Shi Bo, ainsi que les stages qu'il propose, ses livres numérotés et autres parutions, ses commentaires ....... Que la visite vous soit un enrichissement.
L'administratrice : Sérénité'art

samedi 14 novembre 2020

QUELQUES MOTS SUR LA TRADUCTION - Suite et fin

Comparaison (suite)  

... Maintenant à travers trois poèmes de Wang Wei 王维, nous allons déguster différents styles de traductions qui, à mon avis, n’ont rien à voir avec la trahison.

                            Premier poème chinois ( 4 traductions ) 


鸟鸣涧

人闲桂花落

夜静春山空

月出惊山鸟

时鸣春涧中

1- Ma traduction :

 

Dans la vallée au gazouillement des oiseaux

 

Les fleurs d’osmanthe tombent dans le silence du monde

La nuit calme la montagne du printemps se vide

La lune naissante effraie les oiseaux montagnards

Dans la vallée se répercutent leurs cris de temps à autre

 

2- La traduction dans « Anthologie de la poésie chinoise classique » de Maurice COYAUD 

 

Loisir Les fleurs de cannelier choient

Nuit calme  Printemps  La montagne est vide

La lune sort, effraie les oiseaux montagnards

Parfois leur chant printanier se détache du bruit du ruisseau

 

3- La traduction de Jean Pierre Diény

Les humains se reposent

Les fleurs de cassia tombent

Nuit calme de printemps

sur la montagne vide

au lever de la lune

l’oiseau des monts s’effraie

Et siffle par instant

Dans le val printanier

 

 4- La traduction de Cheng Wing fun et Hervé COLLET  ( Moundarren)

 

 Le torrent au cri d’oiseau

 Silence, les voix des gens se sont tues, les fleurs

des oliviers odorants se dispersent

nuit calme de printemps dans la montagne déserte

la lune surgit, effrayant un oiseau de la montagne

plusieurs fois il crie près du torrent printanier

 

Deuxième poème de Wang Wei ( deux traduction )


 


无题

 

荆溪白石出

天寒红叶稀

山路元无雨

空翠湿人衣

 

1- Ma traduction

Sans titre

Du ruisseau Jing émergent des rochers blancs

L’air froid raréfie les feuilles rouges

Sur le sentier montagnard aucune goutte de pluie

Pourtant la verdure solitaire humecte mes habits

 

2- La traduction dans « Anthologie de la poésie chinoise classique » de Maurice COYAUD 

 

Du torrent aux épineux

Du torrent aux épineux émergent des rocs blancs

L’espace est froid, les feuilles rougies se font rares

Sentier de montagne : plus de pluie

Le ciel devenu bleu, mes habits encore humides

 

 Troisième poème ( deux traductions ) 

Ajouter une légende
 

山居晚秋

空山新雨后    天气晚来秋

明月松间照    清泉石上流

 

竹喧归浣女    莲动下渔舟

随意春芳歇    王孙自可留

 

1- Ma traduction

Un soir d’automne dans un chalet de montagne

Dans la montagne déserte

La pluie est tombée à nouveau

Le soir il fait déjà un temps d’automne

Le clair de lune se répand entre les pins

La source limpide galope sur le gravier

Des bambous parviennent

des cris des lavandières sur le chemin de retour

Les lotus dansent au passage des bateaux de pêche

Les plantes printanières sont fanées depuis longtemps

Mais vous pouvez rester ici mes amis charmants

 

2- La traduction dans « Anthologie de la poésie chinoise classique » de Maurice COYAUD 


 Vide, la montagne, après la pluie toute neuve

L’air : on sent venir l’automne tardif

Luisante lune luit parmi les pins

Claire fontaine sur les pierres coule

Bambous de bruire : retour des lavandières

Lotus de bouger : la barque du pêcheur

A loisir on repose, effluves printaniers

Pour le petit prince, des raisons de rester

 

mardi 3 novembre 2020

QUELQUES MOTS SUR LA TRADUCTION - Suite 1

 ...Un jour une amie m’a apporté une traduction des poèmes de 

Du Fu (712- 770) 杜甫 

杜甫 

                                               

Le traducteur est le même que celui du livre français de Shi Tao. Sur la page de garde, est imprimé en gras un vers en français de Du Fu. Alors que je connais bien les poèmes de ce grand poète de la dynastie des Tang, je ne sentais pas son style dans cette traduction   en français par un traducteur dont je garde un mauvais souvenir. J’ai donc proposé à cette amie d’écrire à l’éditeur pour demander la version originale chinoise de ce vers de Du Fu. 

Elle n’a jamais eu de réponse !

 

Deuxièmement, j’aimerais faire remarquer le courage démesuré chez certains traducteurs. En effet, je connais ce genre de courageux, ils ont à peine commencé à apprendre le chinois qu’ ils attaquent déjà le difficile travail de traduction. Certes, leur volonté est louable, je dirais même noble, mais leurs moyens de travail ne sont pas satisfaisants, le moins qu’on puisse dire est que leurs moyens ne sont pas à la hauteur de leur noble vœu.

 

Je connais un ami traducteur, son procédé de traduction me paraît hors du commun pour ne pas dire bizarre. 

Ne connaissant pas le chinois, il rassemble plusieurs traductions déjà publiées d’un même texte chinois, il les lit attentivement et comprend ainsi l’essentiel de chaque phrase. Partant de cette compréhension, il mijote sa traduction. La façon est à la fois ingénieuse et courageuse, mais ce courage ne garantit pas la fidélité au texte original. 

Pourtant je crois que la traduction est une création linguistique. La preuve ?

Lisons la suite :

2 comparaison


Maintenant, nous allons faire un jeu linguistique : admirer et comparer plusieurs traductions différentes de quelques poèmes de la dynastie des Tang.


Je me permets deux notes :

Note 1 : La poésie des Tang est toujours bien appréciée par les Chinois et abondamment traduite en différentes langues, mais comme ces poèmes sont écrits dans une langue très ancienne et hautement condensée, cela crée beaucoup de difficultés pour la compréhension, d’où l’embarras dans lequel s’enlisent souvent les traducteurs.


Note 2 : je présenterai ma traduction et la traduction de sinologues français. Je dois dire que :  loin de moi est l’idée de vouloir ridiculiser ou rabaisser ces traducteurs français en comparant leur traduction à la mienne ! En fait, leur traduction me paraît assez louable !

Wang Wei 王维

 Je me livre à ce jeu à partir de trois poèmes de Wang Wei dans le but de faire savourer les différents délices de nos traductions.                                                    

                                                                                      (à suivre !)