Vous trouverez sur ce blog, au fil des jours et des mois, les oeuvres réalisées par le Maitre Calligraphe Shi Bo, ainsi que les stages qu'il propose, ses livres numérotés et autres parutions, ses commentaires ....... Que la visite vous soit un enrichissement.
L'administratrice : Sérénité'art

lundi 13 août 2012

CINQ ELEMENTS FONDAMENTAUX

    Un proverbe chinois nous recommande judicieusement ceci : 

“Pour mieux apprendre, il faut avant tout mieux comprendre”.

        Les Chinois considèrent volontiers que c’est le premier pas dans l’apprentissage des choses. 
     A propos de la calligraphie, il est primordial d’accorder une attention toute particulière à sa compréhension avant de commencer à prendre le pinceau..
    Les calligraphes chinois sont unanimes pour considérer que les caractères calligraphiés sous le pinceau sont des êtres possédant une vie réelle animée par une âme. 
        Su Shi, alias Su Dongpo 1036 – 1101,  (appelé ermite Colline de l’Est), l’un des plus grands maîtres de calligraphie chinoise, dit : « Toute calligraphie digne de ce nom doit avoir une âme, un souffle, un squelette, de la chair et du sang. S’il manque un de ces cinq éléments, il n’est plus de calligraphie. »
         Les calligraphes chinois appellent cela les « Cinq éléments fondamentaux »


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hún
 L'âme : chaque œuvre calligraphique se doit d'exprimer l'état d'esprit et le dynamisme mental de l'auteur. C'est une étape extrêmement sublime dans l'art calligraphique.



   
 Le souffle rythmique : l'auteur laisse couler ses sentiments, ses pensées, son énergie, en un mot sa sensibilité, du bout du pinceau, sur le papier, tantôt à travers des traits pleins, tantôt par des traits secs et cassés, mais tout en garantissant l'équilibre de l'œuvre dans son ensemble. Cet  équilibre est mis en évidence par les différentes proportions des traits.

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xíng Le squelette : il s'agit de l'espace qu'occupe l'œuvre calligraphique grâce à la succession des traits harmonieusement disposés. C’est  "la structure physique visible". On insiste aussi sur l’espace invisible autour des traits tracés en couleur ou en noir. Cet espace, comme "structure invisible", est  tout aussi important pour l’esthétique du squelette de l’idéogramme calligraphié.


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ròu
 La chair : selon sa sensibilité et son humeur, le calligraphe utilise des techniques différentes dans le contrôle de la quantité d'encre contenue par le pinceau, dans la pression que le poignet donne au pinceau sur le papier, et dans la vitesse du mouvement du pinceau, pour coucher l'encre et donner chair à son œuvre.


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xuè 
Le sang : c'est l'encre. Selon la quantité d'eau contenue dans l'encre, les traits peuvent être denses ou délavés. Cette nuance exprime non seulement l'âme du calligraphe, mais aussi le degré de sa maturité artistique.

          Ce qui est important dans l'art calligraphique, c'est l'équilibre, non seulement dans la structure, mais surtout dans l'esprit de l'oeuvre. La structure est visible. Grâce à la réalisation de l'équilibre dans la structure, qui demande  de longs efforts d'exercices tenaces et patients, on atteindra le but recherché :  

                        "on n'est jamais qu'un artisan de l'écriture. "                                                           


 La réalisation de l'équilibre dans l'esprit est  beaucoup plus sophistiquée, donc beaucoup plus difficile. Elle  permet de devenir un véritable artiste, à condition d'étudier de façon approfondie l'histoire de cet art, de s'imprégner de la philosophie chinoise, de maîtriser l'esthétique ancestrale chinoise et enfin de créer ses propres conceptions artistiques.
 A propos de l'équilibre calligraphique, le grand calligraphe Yu Shinan nous dit : 
          " Si l'esprit n'est pas équilibré, la calligraphie ne l'est pas non plus ; si l'on manque de concentration, alors les caractères sont boiteux." 
           Qu'entend-on par là ? Cela veut dire que chaque œuvre calligraphique doit être visualisée, disposée, et maintes fois corrigée dans l'esprit de l'artiste avant de la “coucher” sur le papier. C'est donc la visualisation interne (et non les yeux de l'artiste) qui dirige la main. Celle-ci, à son tour, actionne à bon escient le pinceau. En un mot, l'équilibre de la composition calligraphique n'est donc pas fonction d'une définition spatiale figée, mais d'une disposition d'esprit. D'où le vaste champ ouvert à la création et à l'expression personnelle.
           L'expression personnelle repose sur les sentiments de l'artiste, sentiments forgés au fond de l'âme d'une part et, d'autre part, sentiments suscités par l'environnement extérieur. C'est la parfaite conjugaison de ces deux types de sentiments qui favorise la création. C'est pourquoi Zhang Zao, grand artiste de l'époque des Song dit à juste titre : 

" Prendre la nature pour maître et puiser la source au fond de l'âme. "

         L'expression des sentiments personnels permet de créer le style artistique individuel. 
             Dans le long cours de l'histoire calligraphique chinoise, un certain nombre de calligraphes, souvent sous l'effet du vin, s'écartèrent de plus en plus des règles,  donnant libre cours à leur esprit et à leur âme. Résultat : la calligraphie perdit sa fonction utilitaire et devint une expression pure et simple de la sensibilité. La digue des contraintes ainsi rompue, le champ de créativité s'en trouva infiniment élargi. D'où la floraison sans précédent des styles cursifs et la naissance de nombreux et importants maîtres artistiques. 

             Il faut remarquer que la recherche d'impact émotionnel est l'étape la plus sophistiquée dans l'art de la calligraphie chinoise. Toute une vie est nécessaire pour forger et perfectionner un style d'expression des sentiments.
               J'ai exercé la calligraphie pendant plus de 60 ans. Je ne suis pas sûr d'avoir déjà parfait mon style pour exprimer mes sentiments. Cependant, cette longue pratique me permet  toujours de mieux comprendre le grand peintre Shi Tao. 
                Il dit  : 
" Au milieu de l'océan de l'encre, il faut établir fermement l'esprit ; 
à la pointe du pinceau, que s'affirme et surgisse la vie ; 
sur la surface de la peinture s'opère une complète métamorphose ; 
au milieu du chaos s'installe et jaillit la lumière !
 A ce point, quand bien même le pinceau, l'encre, la peinture, tout s'abolirait, le Moi subsisterait encore, existant par lui-même. " (extrait de son ouvrage : " Propos sur la peinture)

Ces pensées me guideront toujours dans ma quête de la perfection.


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