Par un jour de grand froid de janvier 1987,
j’appris le départ éternel de mon vieil ami Ermite "Horizon Serein", qui mourut de froid.
Horizon Serein fut en Chine un grand maître de philosophie, de calligraphie et de peinture. Sa disparition est une grande perte, surtout pour moi, car j’avais passé avec lui des jours laborieux, dans son atelier ombragé de bambous et de pins. Ses conseils me furent toujours très précieux.
Shi Bo : detail de la peinture - la hutte |
Lorsqu’il
trepassa, je me précipitai dans le premier bus qui desservait le village
« Ombre Invisible », dans la montagne, au sommet de laquelle, Horizon
Serein, avait construit sa hutte d’ermitage : je voulais le voir une dernière fois.
Shi Bo : detail de la peinture - le sentier qui longe le fleuve |
Après
une cérémonie qui ne dura qu’une vingtaine de minutes, je longeai le
sentier qui descendait au bord de la
rivière où j’avais eu avec lui des conversations très constructives sur
la poésie, la peinture, la calligraphie et la musique.
La
nature était recouverte d’un blanc manteau. La rivière gelait : aucun murmure d’eau, ni cri d’oiseau.
La barque désertée par mon ermite semblait « éteindre » à
nouveau son souffle.
Devant ce spectacle figé, je murmurais avec un pincement au coeur, le célèbre poème de Liu Zhongyuan (773-819) :
Shi Bo : détail de la peinture - la barque |
Devant ce spectacle figé, je murmurais avec un pincement au coeur, le célèbre poème de Liu Zhongyuan (773-819) :
Fleuve enneigé
Durant de nombreux
jours, je me sentis étouffé, mal à l’aise. J’errais dans mon atelier, je voulais faire quelque chose pour rendre
hommage à l’ermite. Enfin je me
décidais à peindre ce paysage
figé. D’où le titre du tableau :
« Univers de
silence, absolu » -
Le silence est la plus forte vibration du
coeur
Shi Bo : la peinture dans son entier. |
On y
voit : au troisième plan, une série de monts blancs rivalisant de
hauteur et de splendeur, au premier plan,
la crique avec la barque vide, qui évoque l’ermite à jamais parti et
entre les deux, quelques maisons basses, dont sa hutte.
J’ai
renforcé le blanc qui fait référence
à la limpidité et à l’honnêteté d’ Horizon Serein.
Trois
jours de travail intense ont abouti à ce tableau où j’ai versé toute mon amitié
et ma profonde pensée pour cet ami que j’ai connu pendant mes années
douloureuses (Révolution Culturelle).
Qu’il trouve le repos, tranquille, dans cette nature éternellement pure !
(dans le prochain post, le poème de Liu Zhongyuan)
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