Vous trouverez sur ce blog, au fil des jours et des mois, les oeuvres réalisées par le Maitre Calligraphe Shi Bo, ainsi que les stages qu'il propose, ses livres numérotés et autres parutions, ses commentaires ....... Que la visite vous soit un enrichissement.
L'administratrice : Sérénité'art

mercredi 8 mai 2019

DIALOGUES CALLIGRAPHIQUES - 4

关于个人体的对话
--A propos du style personnel

Martine Sbolgi-Guinet :"Tout en pratiquant mes exercices calligraphiques, je pense à toi et je me suis dit que ce serait intéressant pour tes lecteurs de découvrir comment tu étais passé de l'enseignement de ton Maitre à la création de ton propre style……

Shi Bo : Tu parles du style calligraphique personnel, c’est un vaste sujet à explorer. Mais je pourrais déjà te dire avant de commencer notre conversation que le style personnel est au fond l’expression du sentiment et du tempérament personnels par le truchement du pinceau…
Le style "Bambou gracieux"

M. S-G : Comme chacun sait, il n'y a pas de rapport entre l'écriture "ordinaire" de "tous les jours" et l'écriture calligraphique......Est -ce ton Maître qui t'y a amené ?

S. B : En effet, l’écriture quotidienne n’est pas la calligraphie. Ce sont deux choses distinctes, différentes. Mais pour un Chinois, l’écriture courante présente déjà des points communs avec la calligraphie kaishu et xingshu. Je pense que quand le stylo et le pinceau sillonnent le papier, l’auteur exprime ses sentiments et ses émotions, ceux-ci déterminent la physionomie et le souffle de ses tracés que ce soit au stylo ou au pinceau.
J’ai créé mon style et il lui a fallu plus de 15 ans pour être vraiment reconnu comme tel. Au départ, ce n’était pas du tout mon Maître qui m’y avait amené.

M. S-G : Peut-on dire que tu l'as fait sous sa sage conduite ? ou que tu l'as fait beaucoup plus tard ?

 S. B : Créer un style calligraphique reconnu comme tel est un long parcours . Qu’est-ce que le style calligraphique personnel ( 人书体 ) ? Pour répondre à cette question, il faut avant tout savoir comment un jeune Chinois apprend la calligraphie.

Cet apprentissage consiste en grande partie en la copie répétée des maîtres. 

Au départ, on a un professeur qui explique aux élèves comment prendre correctement le pinceau, préparer l’encre, et respirer avec le pinceau. 

Mon premier Maître était décorateur en chef de la municipalité de Shanghaï. Il était exigeant mais très patient et gentil. Il m’expliquait avant tout comment se tenir debout ou assis devant le pinceau, et comment diriger l’esprit vers le vide (concentration). Et puis, il traçait patiemment des traits et des mots que je copiais, copiais, dix fois, cent fois, le même geste jusqu’à son hochement de tête de bas en haut et le petit sourire au coin de ses lèvres. A ce moment-là, sa main gauche se posait sur ma petite tête et caressait mes cheveux bien noirs. Je sentais son énergie douce parcourir mon corps.

De cinq à quatorze ans (j’ai oublié exactement combien d’années), tous les matins, je répétais ces gestes sous le guide de son pinceau, du kaishu 楷书au caoshu 草书 en passant par zhuanshu 篆书et xingshu行书. A cette époque-là, je ne faisais qu’imiter mon maître, tout en cherchant à ce que ma calligraphie ressemble au plus près possible à la sienne. J’étais un bon copiste. J’ai reçu beaucoup de caresses de sa main gauche sur ma tête.

Et puis, mon Maître , souffrant d’une maladie aiguë, m’a quitté brusquement. Je me souviens aujourd’hui encore qu’un jour avant la fin de sa vie, mon père m’accompagna à son chevet à l’hôpital, le vieux lettré me salua avec un léger sourire fatigué, posant sa main gauche sur ma petite tête, me murmurant péniblement :
« Mon petit, tu as fait un bon départ avec moi, maintenant tu peux copier Wang Xizhi 王羲之 , Zhao Mengfu赵孟頫 ; Yan Zhenqing 真卿 ; Zheng Banqiao 郑板桥, Wen Zhengming 文征明, Tang Yin 唐寅 et autres grands maîtres historiques ». Je lui promis de respecter ses instructions.

En effet, j’ai été fidèle à ma promesse pendant de longues années. 
J’ai passé une quinzaine d’années à copier et copier ces grands maîtres. Et au fur et à mesure, l’envie de m’exprimer à travers le pinceau se faisait naturellement sentir, cette envie devenait de plus en plus forte, irrésistible et à ce moment-là j’arrivai à calligraphier librement et joyeusement , comme je sentais et je voulais,. C’est ainsi qu’est né mon style « Bambou gracieux ». C’ est en fait un sacré mélange de tout ce que j’ai appris auprès de mes nombreux maîtres. 
(A SUIVRE)

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