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samedi 27 février 2021

LE MOINE IVROGNE HUAI-SU - 1

 酒鬼怀素和尚

                                       Le Moine ivrogne Huai Su

Portrait de Huai Su par Fan Zeng.

.....J’aime le moine Huai-su, plus ivre qu’éveillé la plupart du temps !

J’aime encore plus son caoshu extravagant 狂草 dont il fut le co-créateur avec Zhang Xu 张旭, un autre grand calligraphe de la dynastie des Tang !


Se faire bonze dès l’enfance.....


   Né en 737, sous le règne de l’empereur Xuanzong, Huai-su vécut à une époque florissante où s’épanouissaient abondamment l’économie, la poésie, la peinture et la calligraphie, la musique et le bouddhisme. Dès l’enfance, il se fit bonze et s’installa comme moine dans le temple bouddhique Shutang, non loin de la petite ville Lingling, dans la province du Hunan.

    En général, les familles pauvres cherchaient à inscrire leurs enfants dans des temples bouddhiques pour s’assurer qu’ils ne souffrent pas de la faim et qu’ils puissent se faire éduquer par les vieux moines. 

Cependant, les annales historiques notent que la famille de Huai-su n’était pas démunie, et que les membres Huai vivaient assez aisément par rapport aux autres villageois. 

Mais les parents de Huai-su estimaient que dans les temples bouddhiques les moines très cultivés pourraient offrir au jeune enfant une belle ambiance culturelle qui l’aiderait à s’installer dans la haute société : ils ne furent pas déçus !

Au temple, Huai-su apprenait studieusement à lire et à écrire. Il avait dans son dortoir un bonze âgé très fort en calligraphie. L'enfant prenait chaque jour le pinceau sous la direction patiente et efficace de ce vieux moine..

Plusieurs années après, Huai-su quitta le temple et regagna la maison de ses parents pour se consacrer uniquement à l’encre et au pinceau. 

Le jeune homme  fabriquait lui-même l’encre avec le riz glutineux carbonisé et la graisse des poissons qu’il attrapait dans le ruisseau   contournant la maison familiale. Cependant,  le papier qu’il consommait en grande quantité posait un gros problème d'approvisionnement. Son intelligence lui permit de résoudre cette question: il alla dans les montagnes chercher de larges feuilles de palmier sur lesquelles il pu faire  ses exercices calligraphiques. 

Pendant plusieurs années il planta lui-même des centaines de palmiers devant et derrière la demeure familiale  dont  il récoltait  durant toute l’année des feuilles pour réaliser son travail artistique. 

C’est à cette époque-là qu’il donna un nom à la pièce où il pratiquait la calligraphie : Il l'appela  

绿天庵 

temple du ciel vert".

Très appliqué dans ses pratiques calligraphiques quotidiennes, Huai-su utilisa  d’innombrables feuilles de palmier et une grande quantité de pinceaux. Il enterra les feuilles et les pinceaux usés derrière la maison, nommant le monticule ainsi né « tombe de pinceaux » !


« l’alcool est ma vie même »


Le moine Huai-su aimait donc la calligraphie autant que l’alcool !

Un jour il écrivit : « L’alcool est ma source d’énergie de vie et d’inspiration calligraphique ». 

Dans certains livres d’histoire, on trouve souvent sa célèbre rengaine : « L’alcool est ma vie même ». Il expliquait à tous ceux qui voulaient l’entendre : 

« Qui n’aime pas l’alcool ? 

Dans mes veines coulent le sang 

et l’alcool qui me donne la vigueur… »

A 20 ans environ, il était déjà très connu pour sa capacité alcoolique et ses fréquentes ivresses – on allait même noter dans un registre du village  ces mots :

« Notre jeune moine calligraphe trempé dans l’alcool s’enivre 5 ou 6 fois par jour. »

Un jour, les villageois qui se rassemblaient sur la place au centre du bourg virent Huai-su se laisser aller 9 fois à l’ivresse ! 

« Ce sacré moine nous rend joyeux avec ses trébuchement répétés, pinceau à la main… »


Qui réglait ses ardoises ? Ne nous inquiétons pas pour lui. Sachez qu’il y en avait qui se disputaient pour payer sa liqueur, car tout le monde voulait recevoir les feuilles de palmier couvertes de sa calligraphie, ou bien l’inviter à improviser une œuvre calligraphique sur le paravent que les gens disposaient pour l’occasion. On s’arrachait ses beaux caoshu extravagants.

Calligraphie de Huai-su


Je suis particulièrement ému en lisant ces deux sentences :

饮酒以养性 

Boire du vin pour fermenter mes émotions ; 

草书以畅志 

me livrer au caoshu extravagant pour galvaniser ma volonté



(a suivre....)

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