J’aime Zhang Xu, calligraphe et poète vivant au 8e siècle sous la dynastie des Tang de l’Empire du Milieu. Non pas parce qu’il fut originaire, comme moi, de Suzhou, ville-jardin à 120 kilomètres de Shanghaï, mais parce qu’il fut souvent follement ivre pour créer des poèmes et des œuvres calligraphiques toujours en « herbe folle galopante » ( 狂草)
J’aime ses observations minutieuses de la nature ( 洞察秋毫)
Né dans une famille de lettrés, à Suzhou – ville historiquement culturelle et artistique ( elle me rappelle souvent Honfleur, ou bien encore Pont-Aven ), Zhang Xu avait reçu une éducation rigoureusement traditionnelle. Dès 6 ans, il pouvait déjà réciter une centaine de poèmes connus de son époque, de plus il suivait des cours de calligraphie dispensés par un ermite lettré connu sous le pseudonyme : Vide rempli ( ,满空道人).
Quand il eut 10 ans environ, sa nature désinvolte commença à se faire sentir et à causer beaucoup de soucis à ses parents. Il ne prenait plus soin de son habit, il adorait d’abord le bon thé, ensuite le vin jaune (黄酒liqueur de riz locale) accompagné de fèves préparées aux cinq épices parfumées (五香豆)..
Ce qui réconfortait infiniment ses parents soucieux, c’est qu’il composait des poèmes imbibés d’un profond sentiment pour la nature et pour les êtres humains.
Malheureusement ses poèmes ont été dispersés dans l’oubli de l’Histoire, seuls six de ses poèmes sont parvenus jusqu’à nous. En voici deux :
táo huā xī
桃 花 溪
yǐn yǐn fēi qiáo géyěyān shíjīxīpàn wèn yúchuán
隐隐飞桥隔野烟 石矶西畔问渔船
táo huājǐn rìsuíliúshuǐ dòng zài qīng xīhéchùbiān
桃花尽日随流水 洞在清溪何处边
Le ruisseau des fleurs de pêcher
Dans une brume transparente
un pont suspendu au-dessus de la vallée déserte
A l’ouest d’un rocher sorti de l’eau
j’interroge un pêcheur assis dans son bateau
Les pétales de pêcher s’en vont au fil de la journée
et au gré de l’eau
Sur quelle rive de ce cours d’eau éternel
pourrais-je trouver la grotte des Immortels ?
Dans un précédent post, nous avons présenté « Préface au recueil de la source des fleurs de pêcher » de Tao Yuanming. Les chercheurs disent que le lieu idéal décrit par Tao fut une source d’inspiration pour Zhang Xu lorsqu’il écrivait ce poème. En effet nous pouvons comparer les deux descriptions presque identiques, toutes deux propices à la méditation et à la fermentation poétique.
shān zhōng liǔ kè
山 中 留 客
shān guāng wùtài nóng chūn huīmòwèi qīng yīn biàn nǐgui
山光物态弄春晖 莫为轻阴便拟归
zòng shǐqǐng mǐng wǔyǔsè rùyún shēn chùyìzhan yì
纵使晴明无雨色 入云深处亦沾衣
Retenir un ami dans la montagne
Dans la montagne transparente
La nature joue avec la lumière printanière
Ne la quittez pas précipitamment
A cause d’un petit nuage au loin
Même si le ciel est dégagé
Sans la moindre menace de pluie
Vos vêtements seront mouillés
Une fois au fond des nuées
A travers ce poème qui invite à rester dans ce lieu au fond des nuages, nous voyons clairement l’observation perspicace de la nature que nous offre l’auteur.
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